La recette du pigeon à l'italienne
de Alain Berenboom

critiqué par Ddh, le 9 juin 2012
(Mouscron - 82 ans)


La note:  étoiles
La situation noire des Italiens en Belgique en 1949
Une recette de pigeon ? A la sauce italienne ? Un titre énigmatique pour un roman quelque peu policier et qui baigne au milieu du XXème siècle. Un drame : les Italiens viennent en Belgique, le Pays de Cocagne promis dans une réalité tout autre, une exploitation éhontée. Ces Italiens peuplent les corons et remplissent le fond des mines.
Ce roman termine la trilogie des enquêtes du détective privé Michel Van Loo. Le premier, Périls en ce royaume, traitait du problème de la question royale ; le second, Le roi du Congo, la colonisation. Quant à celui-ci, il traite de l’immigration italienne ; un échange de charbon belge contre une main-d’œuvre italienne. Le tout avec une énigme policière.
Lisone reçoit des menaces anonymes, son pigeon favori Simeone meurt empoisonné : il lui faut un détective privé pour trouver les coupables. Le détective privé Michel Van Loo est chargé de démêler l’écheveau ; heureusement que celui-ci reçoit l’aide de son amante, la shampouineuse de Federico !
Lisone ? un personnage pour le moins ambigu ! : un colombophile invétéré qui gagne de nombreux concours, Hubert l’apothicaire a des produits miracles mais Lisone est aussi un organisateur de voyages particuliers : vanter les avantages de la Belgique auprès des Italiens et ainsi ferrer le poisson ! Mais tout se complique : il y a le meurtre de Matteo, un délégué syndical unanimement apprécié, ou presque. Il y a un autre meurtre… Tout cela est-il lié ?
Au-delà de l’enquête, et cela représente le nœud du roman : le parcours difficile des Italiens et leur travail dans les mines avec toutes les vicissitudes rencontrées, le racisme, les influences politiques, syndicales et ecclésiastiques.
Quelle truculence que cette langue d’Alain Berenboom ! Des expressions typiquement belges voire bruxelloises, beaucoup d’humour avec ce style imagé savoureux. Quelle originalité de présenter un Michel Van Loo, personnage central mais aussi antihéros parfait : un détective privé qui ne s’en sort pas n’est pas spécialement courant