Bloodsilver
de Wayne Barrow

critiqué par Nabu, le 8 juin 2012
(Paris - 38 ans)


La note:  étoiles
Kickage de cul de vampire au Far-West
Xavier Mauméjean et Johan Heliot ont publié sous le pseudonyme « Wayne Barrow » le livre dont je vous présente la critique. Bloodsilver s’agit d’une suite de nouvelles dans les Etats-Unis de 1691 à 1917.

En 1691, des vampires, dans un bateau de l’Europe, débarquent aux États-Unis.

Premier problème : Ils se nourrissent de sang (humain bien sûr, sinon, ça ne serait pas drôle).
Second problème : ils sont invincibles, sauf si on les cogne à coup d’armes en argent.

En 1692, un chasseur de sorcières en a marre de ces canaillous et décide de recruter quelques badass pour créer la confrérie des chasseurs, des grosses brutes qui vont devenir experts dans le bottage de cul de vampires.

C’est alors le prétexte pour reprendre les noms de légende de l’histoire du Far-West tels que Wyatt Earp, Doc Holliday, Billy the Kid, les Dalton…pour les mettre en scène dans des récits légendaires face à ces vampires.

En effet, l’adversaire est de taille, non seulement ces vampires sont invincibles, ils dévastent des villes mais arrivent à s’organiser pour soit voler, soit acheter l’argent à prix d’or (*bruit de cymbales*) ce qui les rend appréciés d’une certaine partie de la population.

L’écriture est magnifiquement fluide, on vogue d’une histoire à une autre sans aucun souci. Chaque histoire est bien découpée, on nous présente le personnage, on le confronte aux vampires (pas toujours de manière hostile) avant d’en effectuer le dénouement.

Les personnages sont admirablement décrits, les références à la mythologie de l’Ouest du 19ème sont bien maîtrisées et m’ont poussé à aller lire davantage lorsque je ne connaissais pas. Ca m’a rappelé Lucky Luke qui m’avait fait le même effet. Ces uchronies bien écrites qui nous poussent à en apprendre plus sur une période historique sont un vrai régal. Et Bloodsilver est une réussite dans cet ordre-là.

En effet, les récits sont tout simplement épiques. Ca respire l’épique, ça transpire l’épique, ça vit l’épique. On lit chacun des moments-clefs des personnages avec une intensité et une attention démultipliées. Et c’est là le tour de force des auteurs.

En effet, en un nombre de pages assez réduit (vu qu’il s’agit de nouvelles), les écrivains arrivent à nous rendre les personnages sympathiques, à instaurer une ambiance électrique où l’affrontement domine puis à rendre le suivi de ces personnages grisant et fascinant.

Concernant les défauts, je reprocherai le trop grand nombre de noms propres, ce qui fait qu’on est un peu perdu parfois dans le fil de la lecture. Ensuite, il y a quelques zones d’ombres un peu gênantes. En effet, pourquoi est-ce que les humains ne se sont pas mieux organisés contre des vampires qui dévastent des villages entiers ?

Enfin, le dernier reproche concerne le format du livre. J’aurais personnellement adoré une grande fresque épique continue où les différents personnages se seraient côtoyés pour mener un combat de front contre les vampires avec tous les problèmes d’organisation, de trahison, de stratégie, de tactique… Les auteurs ont tellement réussi à me mener dans leur univers que je regrette que l’œuvre ne soit pas plus grandiose.

En conclusion, ce livre est très beau car il nous fait rêver sur une période pas si éloignée de nous où on a l’impression qu’un homme, par sa seule habileté et son courage ou sa folie, pouvait faire basculer le destin de dizaines, centaines voir milliers d’hommes.

Xavier Mauméjean et Johan Heliot ont parfaitement rendu honneur à cette époque et je les en félicite. Bravo messieurs.

Donc, si vous aimez la période du Far-West, que vous aimez les récits épiques, tout ceci avec un soupçon de fantastique, foncez ! Vous ne le regretterez pas.