Ce qu'il advint du sauvage blanc
de François Garde

critiqué par Ori, le 7 juin 2012
(Kraainem - 88 ans)


La note:  étoiles
Plongeon chez les aborigènes d’Australie …
Inspiré d’une histoire vraie, ce roman se situe au temps de Napoléon III. Il décrit les aventures d’un matelot français échoué sur une plage d’Australie et qui dans une absolue solitude s’en ira errer 4 jours avant de rencontrer une tribu d’aborigènes à laquelle il s’intégrera tant bien que mal.

François Garde nous conte le désarroi de notre héros, Narcisse Pelletier, qui 17 ans durant apprendra à survivre en adoptant les mœurs de ses nouveaux compagnons (nudité, alimentation, tatouages). L'auteur y alterne des chapitres qui racontent le retour de ce ‘sauvage blanc’ vers la France et sa difficile réadaptation à la civilisation, sous la protection attentive d’un membre éminent de la Société de Géographie, le vicomte de Vallombrun.

Ce dernier présentera Narcisse à l’impératrice Eugénie et à Pauline de Metternich, un entretien dont il sortira peu de choses pour ‘faire avancer la science’ dès lors que le pauvre héros ne désire rien tant que de se réfugier dans le silence en déclarant que « parler, c’est comme mourir », à l’instar, plus près de nous, des survivants des camps de la mort …

Dans cet ouvrage à l’écriture d’une grande élégance, l’auteur fait dire à son second héros, le géographe Octave de Vallombrun : « Seule une science globale peut réunir toutes les connaissances éparses qui nous renseignent sur l’Homme. De nouveaux termes sont apparus récemment : sociologie, ethnologie, psychologie, anthropologie. Ces savoirs sont précieux, promis à un grand avenir. Ils viennent compléter utilement ce que nous apprennent la géographie, la morale, la pédagogie, la grammaire, la politique, voire la médecine. Toutes ces sciences nous parlent de l’homme au milieu de ses semblables. Mais chacune reste isolée de toutes les autres, ne s’en soucie pas, ne les écoute pas et refuse de rien en apprendre. Je les vois maintenant comme autant de chapelles qui forment ensemble une immense cathédrale dont je pressens l’architecture. Après une longue méditation, je choisis un nom pour cette science globale de l’homme et de tous les hommes : Adamologie. » (p.284 de l’édition Gallimard)

Si cette aspiration à une refonte globale des ‘sciences humaines’ est demeurée sans lendemain, prenons le pari que l'avenir de l'écrivain François Garde reste lui, très prometteur ...
Une vie fracturée entre deux mondes 10 étoiles

Je ne répéterai pas ce qui a déjà été résumé dans les critiques précédentes. Je souhaite juste faire partager le plaisir que j'ai eu à lire ce récit romancé de cette aventure singulière. L'auteur nous fait chausser alternativement les lunettes du jeune matelot plongeant brutalement pour une durée imprévisible dans une autre civilisation , et celle de son protecteur/inquisiteur au retour dans son monde d'origine. C'est finalement avec beaucoup de réserve , de délicatesse et surtout d'interrogations que sont révélées quelques bribes de l'autre vie du héro de cette histoire. En arrière plan les réactions des autres contemporains sont pour la majorité pétries de la vision dominante de l'époque. On comprend cependant que même en ayant une connaissance intellectuelle de cette autre civilisation , sa réalité vécue est incommunicable

Nav33 - - 76 ans - 3 septembre 2022


De quoi rêver et réfléchir… 9 étoiles

Comment peut-on vivre seul sur une île, ou avec des sauvages, et comment se passe ensuite le retour à la civilisation ? C’est ce que nous raconte ce livre et c’est vraiment étonnant. De plus, c’est inspiré d’une histoire vraie et, rien que pour ça, ça vaut la peine de s’intéresser à « Ce qu’il advint du Sauvage blanc ».

Ce qui donne un charme particulier au livre c’est sa façon de raconter. Les épisodes de la vie avec les sauvages sont racontés dans un beau style rapide et moderne ; les épisodes du retour parmi les civilisés sont racontés dans un style « vieille France » absolument savoureux ; il s’y ajoute des quiproquos, des malentendus, des scènes un peu… heu ! disons saugrenues, qui donnent au livre une touche d’humour irrésistible.

Voilà une belle lecture, de quoi rêver durant ce morne hiver qui n’en finit pas. Elle donnera aussi à réfléchir sur les civilisations, le hasard des destinées, l’éducation, voire le sens de la vie.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 21 décembre 2018


Amglo ! 10 étoiles

En publiant "Ce qu'il advint du sauvage blanc" début 2012, François Garde, haut fonctionnaire né en 1959, s'est imposé comme un écrivain majeur. Récompensé par huit prix littéraires, dont le Goncourt du premier roman, son ouvrage porte haut les couleurs du roman d'aventures.

"Je m'appelle Narcisse Pelletier, de Saint-Gilles en Vendée. Je suis matelot sur la goélette Saint-Paul".
Tiré d'une histoire vraie, l'auteur va romancer l'incroyable destin de ce jeune marin, abandonné sur la côte nord-est de l'Australie.
Narcisse, recueilli et adopté par les "Sauvages" (Aborigènes), va progressivement effacer ses origines pour devenir "Le sauvage blanc".
Alors, quand 18 ans plus tard Octave de Vallombrun le ramène à la "Civilisation", c'est un choc immense.

Une oeuvre forte qui balaie les thèmes de la supposée supériorité du Blanc sur le sauvage; du bonheur; de l'éducation, de la difficulté d'appartenir (ou d'assimiler) 2 cultures radicalement différentes.
Un roman intelligent, poignant, servi par une écriture magistrale.
Un véritable chef-d'oeuvre !

Frunny - PARIS - 58 ans - 10 mai 2018


Ce qu'il advint du sauvage blanc 7 étoiles

Narcisse n'est pas un naufragé, il est "oublié" sur les côtes de ce vaste continent australien alors qu'il était en recherche d'eau pour son navire. Les aborigènes qu'il rencontre, vivent dans la tranquillité et ne sont pas tiraillés par l'inégalité de leur condition. Leur souci quotidien: trouver de l'eau et de quoi manger. Ce peuple dont l'origine remonte au" Temps du Rêve" ne va pas chercher à "l'intégrer" c'est lui qui s’intégrera.
Le vicomte De Vallembrun, mécène et humaniste, cherche à le ramener vers notre " blanche" société mais changer de civilisation une première fois pour y revenir ensuite est pour Narcisse impossible.
Le comportement de sa première famille, de la soeur du vicomte lors de l'héritage, des mesquineries des membres de la Société de géographie ...nous pose question sur notre degré de civilisation.
Lui, Narcisse devenu Amglo, a choisi. Il prend la fuite et disparaît sans rien dire car..... " Parler c'est mourir".
Cette histoire est tirée d'un fait réel. J'ai du mal à admettre qu'un homme de 18 ans puisse "oublier" en 18 ans également les bases de la civilisation qui l'a vu naître.
Le style est agréable et le procédé de narration original. J.ai aimé.

Fabert - - 70 ans - 10 avril 2016


De Narcisse Pelletier à Sis Tié, et retour 8 étoiles

C'est une histoire poignante. Celle de la détresse d'un marin abandonné qui trouve refuge dans une tribu aborigène dont il ne comprend pas les codes. Celle de ce même homme qui 17 ans plus tard retrouve la civilisation, mais cet homme est comme absent de lui-même, son passé effacé, son silence inexplicable. Son protecteur le vicomte de Vallombrun, scientifique autodidacte, enthousiaste et gonflé de la noblesse de sa mission va tenter de comprendre son parcours et de le ramener parmi les siens.

François Garde nous livre une histoire captivante avec un récit remarquablement construit. Il alterne les scènes de vie du marin Narcisse Pelletier évoluant dans la tribu des aborigènes avec les comptes-rendus épistolaires du vicomte sur les progrès de celui qui est devenu le sauvage blanc.

Un beau voyage en Australie mais aussi dans la société scientifique du XIXème siècle.

Elko - Niort - 47 ans - 17 février 2016


sauvage et blanc à la fois ... 9 étoiles

"Ce qu'il advint du sauvage blanc", édité maintenant en version Poche, est un livre qui ne peut laisser indifférent.

C'est l'histoire vraie (mais un peu arrangée?) donc d'un jeune matelot français abandonné sur une plage australienne qui va vivre durant dix-sept ans avec des Aborigènes.

Puis dix-sept ans plus tard, il va être recueilli sur un bateau et ramené en Europe. Il ne sait plus parler notre langue, il doit tout apprendre.

Je n'en raconte pas plus, d'autres l'ont fait ici.

La structure du roman est intéressante et tient captive l'attention du lecteur : un chapitre raconte l'aventure du matelot chez les Aborigènes, l'autre son retour en France.

Mais pourquoi Narcisse ne veut-il pas raconter ce qu'il a vécu?
Aurait-il vraiment perdu le langage au point de ne pouvoir s'exprimer ou a-t-il perdu la mémoire, complètement? Ou veut-il oublier? ... Le livre pose beaucoup de questions et pas seulement sur le mutisme du matelot mais aussi sur d'autres sujets.

Une lecture passionnante et intéressante.

Odile93 - Epinay sur Seine - 69 ans - 18 novembre 2014


Un très beau livre 9 étoiles

Et une histoire poignante !
Quelle étrange relation que celle qui se noue entre ces deux hommes que tout aurait séparé si le destin peu commun de l'un n'avait éveillé une curiosité pas toujours saine chez l'autre.
Quelle étonnante dualité : la pudeur extrême de l'un, la curiosité dévorante et le plaisir de (se) raconter de l'autre !
Nous connaissons de l'histoire de Narcisse le récit qu'en fait son "mentor" dont nous partageons les tréfonds de l'âme et de l'ambition à travers ses lettres à la Société de Géographie ; et par ailleurs, un récit "off" relate cette période où Narcisse a commencé douloureusement à partager la vie des "sauvages". Puis plus rien ne nous est révélé.
Narcisse reste un mur, fermé au(x) passé(s) et peut-être même au présent, quant au futur, il n'a plus court. Octave, lui, recherche avidement à découvrir ce que l'autre cache.... Jusqu'au bout ! Le prix à payer en sera dur pour les deux !
Un beau sujet de réflexion sur l'être humain servi par un style alerte ou ampoulé selon le contexte.
Un Goncourt premier roman des plus mérités

DE GOUGE - Nantes - 67 ans - 24 octobre 2013


L'essentiel est dans la paix. Et la paix est la fuite. 9 étoiles

Ce livre m'a beaucoup plu.
Il est construit habilement en alternant la vie de Narcisse Pelletier (mélange de naufragé, de Robinson Crusoé et d'enfant loup) et de celui qui l'observera (et participera à ce second passage d'une vie à l'autre).
Le sujet est original, digeste, sans grand effet de style mais d'excellente facture.
Finalement l'auteur ne laisse filtrer que peu de chose de la vie de sauvage et laisse la place à l'imagination.
A noter que le sauvage blanc est fort peu bavard sur cette vie. Quand on le presse de questions il garde le silence sauf le dernier jour de sa présence dans le roman où il dira cette phrase extraordinaire : "parler c'est comme mourir" !

Je médite encore ces mots.

Monocle - tournai - 64 ans - 25 août 2013


Excellent premier roman... 8 étoiles

Je m'associe totalement aux précédentes critiques élogieuses, surtout en ce qui concerne le style du texte : quelle élégance ! Quelle maîtrise !

Un bémol : la fin du roman est maladroite, elle traîne et n'apporte pas finalement grand chose au récit.

Un témoignage : travaillant il y a quelques années sur des archives de navigateurs explorateurs évoluant sur la côte ouest de l'Australie à peu près à cette époque, j'ai noté que les marins descendus à terre étaient étonnés de ne rencontrer personne mais avaient l'impression d'être observés et avaient quand même observé ce qui ressemblait à des restes de foyers... exactement ce que rapporte l'auteur.

Tanneguy - Paris - 84 ans - 18 août 2013


Rencontre du 3° type 7 étoiles

Voilà bien un étrange bouquin que celui de François Garde qui se verra attribué le Goncourt du premier roman pour Ce qu'il advint du sauvage blanc.
L'auteur s'inspire (très librement) d'une histoire vraie (*) : celle du matelot Narcisse Pelletier, moussaillon du Pacifique et du XIX° qui fut abandonné par accident sur une côte australienne. Après avoir passé plus de quinze ans au milieu des aborigènes, il sera finalement récupéré par un autre équipage.
François Garde brode son roman sur cette trame et fait en sorte qu'après quinze ans passés chez les 'sauvages' (on est en 1860 !) Narcisse a tout oublié de la civilisation, comme on dit.
Lorsqu'il est abandonné, il hurle et répète sur la plage :
[...] Je suis Narcisse Pelletier, matelot de la goélette Saint-Paul !
Lorsqu'on le retrouve quinze ans plus tard, c'est devenu incompréhensible : ‘Sis Tié-Let-Pol !
François Garde met en pages un autre personnage de fiction (à partir de plusieurs personnages de l'époque) en la personne d'Octave de Vallombrun. Cet aristocrate qui se pique d'être un esprit éclairé, prend en charge le 'sauvage blanc' et tente d'en découvrir plus pour le bien de la science et le progrès de la connaissance humaine, accessoirement pour sa propre gloriole.
Le roman alterne les chapitres entre les années 1860 avec les lettres 'à l'ancienne' que Vallombrun écrit à la Société de Géographie et les années 1850 avec le récit des aventures de Narcisse au milieu des aborigènes.
Tout le propos de François Garde semble tourner autour de l'incompréhension totale, mutuelle et réciproque.
Incompréhension de Narcisse qui débarque chez les sauvages qu'il trouve laids et bestiaux.
Incompréhension des aborigènes qui traitent le naufragé comme leurs propres enfants, encore ignorants des coutumes ancestrales comme des simples règles de survie dans le bush.
Incompréhension du rescapé Narcisse qui ne voit pas pourquoi on l'a arraché à la vie qu'il s'était reconstruite patiemment et durement après quinze longues années de renoncements. Il se réfugie dans un mutisme complet, refuse de ré-apprendre le français et veille à ne donner aucun indice sur ce qu'il a vécu.
Incompréhension de Vallombrun qui est fasciné par le fait que l'homme blanc supérieur a 'régressé' et tout oublié de sa civilisation, coutumes, pudeur, langage, ...Tout cela est bien sûr fictif.
Ces abimes d’incommunicabilité réciproques et l'alternance des chapitres et des points de vue, finissent par dégager un étrange sentiment de malaise et de frustration.
Flagrante est l'arrogance de la civilisation blanche (même [surtout ?] teintée d'une curiosité pseudo-scientifique).
Tout aussi évidente est l'altérité des aborigènes qui sont littéralement à mille lieux des préoccupations occidentales.
Écartelé entre les deux, Narcisse aura mis plus de quinze ans à se renier patiemment pour se reconstruire, s'intégrer tant bien que mal à sa culture adoptive et renoncer à son héritage occidental. Et voilà qu'on lui demande maintenant de refaire le chemin inverse ?
Cette fois, c'est au-delà des forces humaines.
[...] S'il répondait à mes questions, il se mettait dans le danger le plus extrême. Mourir, non pas de mort clinique, mais mourir à lui-même et à tous les autres. Mourir de ne pas pouvoir être en même temps blanc et sauvage.

(*) - les libertés prises furent d'ailleurs critiquées par la communauté scientifique qui n'est pas toujours équipée pour faire la différence entre un bon roman et une mauvaise étude anthropologique

BMR & MAM - Paris - 64 ans - 1 juillet 2013


Oublié sous les tropiques 8 étoiles

Narcisse Pelletier a bien existé et François Garde s’est inspiré de son histoire pour écrire son roman. Car c’est d’un vrai roman qu’il s’agit et non de la simple relation d’un fait divers dont il se démarque dés les premières pages. C’est la littérature qui donne à cette aventure toute sa dimension, sa force et son émotion. Ce roman foisonnant est aussi une « défense et illustration » de la diversité culturelle et une réflexion sur la langue et sa mémoire.

« Ce qu’il advint du sauvage blanc », au delà de son très beau titre, est d’abord un roman d’aventure tout à fait captivant, remarquablement construit et parfaitement écrit. Il mêle savoureusement le récit imaginé de ce que vit Narcisse, matelot oublié sur une île avec ce qu’il advint lorsqu’il fut retrouvé 17 ans plus tard. A cet égard, les lettres adressées par le protecteur de Narcisse, Octave de Vallombrun, au Président d’une société savante sont un régal de lecture tant François Garde sait restituer les idées, les conventions, les formules de politesse déférentes quand elles ne sont pas obséquieuses qu’on employait pour écrire en ce milieu du dix-neuvième siècle. Le retour au pays natal avec des paysans madrés qui, une fois l’émotion passée, ne souhaitent pas récupérer une bouche supplémentaire à nourrir ou la visite à l’impératrice, entre autres, sont autant de succulentes vignettes littéraires illustrant le récit.

Mais l’histoire de ce sauvage blanc va bien au delà de l’anecdote et peut se lire comme une véritable apologie de la diversité culturelle dans le rapport à l’autre. En ce moment, le début du vingt et unième siècle, où certains prônent une politique impérialiste de leur culture, Garde se range au côté de Claude Lévi-Strauss qui écrivait : « Toute civilisation apparaît comme une option parmi d’autres offerte à l’humanité toute entière ». Il contredit l’opinion de l’époque (et qui n’a pas forcément changé) qui voulait que « le sauvage vivant au milieu des Blancs adopte (leurs) usages alors que le Blanc parmi eux conserve les bienfaits de la civilisation ». Or Narcisse va devoir tout oublier pour survivre. « Il fallait qu’il désapprenne sa culture pour pouvoir survivre comme aborigène » Il n’avait aucun moyen de connaître la règle du jeu mais trouvera par une forme d’intégration indifférente les clés de sa survie. Le romancier fait une comparaison avec Vallombrun qui, ne connaissant pas la règle du jeu des réunions de la société de géographie, se fera mettre en pièces par un ecclésiastique borné et arrogant mais qui, lui, avait l’expérience manœuvrière de ce genre de débat. Le matelot oublié sous les tropiques a du surmonter son incapacité initiale à vivre avec la tribu mais il lui était impossible de vivre sans elle. Pis encore, lorsqu’il sera retrouvé, il marquera « son indifférence résignée à notre monde », ce qui, pour ses contemporains et quelques autres, a du être perçue comme une monstrueuse preuve d’imbécillité.

François Garde a écrit des pages fortes pour décrire le rapport entre la chose et les mots, le lent réapprentissage de la langue par Narcisse qui dut faire un « aller et retour » entre ses deux langages que dix sept ans séparaient. Sa langue maternelle est enfouie au plus profond de lui même et resurgit petit à petit, en même temps qu’il recouvre son savoir faire de marin. Mais ce passé qui revient lui interdit de s’imaginer au futur ou au conditionnel.
Autant qu’un roman, « Ce qui advint du sauvage blanc » est une fable sur l’alacrité, la relativité des choses (la perle trouvée qui vaut tout ailleurs mais ne vaut rien ici), l’espérance (cette perle qu’il ne peut pourtant jeter car ce serait perdre l’espoir de revenir dans le monde) et la dignité.

Ce passionnant roman a reçu le prix Goncourt du premier roman. C’est justice.

Jlc - - 80 ans - 17 juin 2012