Paris l'instant
de Philippe Delerm

critiqué par Jules, le 22 octobre 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
La poésie en images et en mots
Voici un tout nouveau livre de Philippe Delerm. Dans celui-ci, il écrit des textes sur des photos de Paris prises par sa femme Martine Delerm.

Pratiquement toutes les photos sont assez petites, mais particulièrement suggestives d’une ambiance. Des intérieurs de magasins, des vitrines, une vue d’immeuble prise d'une bouche de métro, une plaque de rue qui fait rêver, des ardoises de restaurants aux plats savoureux etc.
Delerm a toujours su saisir l’instant qui passe, comme le fait une photo. Dans le Paris éternel, mais aussi dans le Paris du quotidien, il nous entraîne dans toutes sortes de quartiers et cela au travers des saisons, au travers du rêve, au-delà de l’objet saisi à un moment de son existence.
Si l’objet est beau ou suggestif, si les photos sont belles, le texte de Philippe Delerm ajoute encore une autre dimension à ce que voient nos yeux : le regard du photographe et celui du poète se complètent ici totalement.
Un beau livre qu’aimeront tous ceux qui aiment Philippe Delerm et la photo.
« En abyme » 8 étoiles

En abyme. C’est le titre du dernier texte de ce recueil. Paris dans Paris. Photos de Paris sur des présentoirs de cartes postales, aux devantures des papeteries parisiennes ou aux étals des bouquinistes, sur les quais.
En abyme. Ce livre de Martine et Philippe Delerm dans une bonne bouquinerie du 5e, « Les autodidactes », 53, rue du Cardinal-Lemoine. Le beau papier crème de la couverture, et la photo plein centre : des cartes postales de Paris entassées dans des casiers, et une carte dans les cartes : « Demander au Bouquiniste de sortir les Cartes. MERCI. »
En abyme. Le beau livre entre mes mains qui le feuillettent, mes yeux qui le parcourent. Textes de Philippe. Photos de Martine. Instantanés d’images et de mots. Et, dans ma tête, ce couple qui arpente Paris comme je l’arpente trois ou quatre fois par an avec celle qui m’aide à traverser la vie. Le carnet en moleskine où Philippe note trois mots, un nom de rue, un bref dialogue entendu en buvant un café place Saint-Sulpice ou en longeant la rue Saint-Séverin. Le Leica – ou le vieux Pentax ? – de Martine, cliquetis discret de l’obturateur, musique du miroir qui bascule dans le reflex un trentième de seconde, un cinq centième peut-être. Ça suffit. C’est dans la boîte.
Un beau livre à offrir aux amoureux de Paris, aux amoureux de la photo, aux amoureux de notre langue, ça doit faire déjà pas mal de monde, non ?
Un beau livre d’ombres et de lumières, de bistrots et de confiseries, de passages et de bouches de métro, de passé et de présent, un livre de sourires tristes et de regards ouverts, une flânerie dans le Paris village, et nous devant le papier-mémoire, avec « l’idée légère d’une rencontre possible qui se transformera en retrouvailles avec soi-même – chaque homme reste une presqu’île dans le silence du papier. »

Lucien - - 69 ans - 8 novembre 2004