Un désir si fragile
de Ghislaine Paris

critiqué par Nabu, le 31 mai 2012
(Paris - 37 ans)


La note:  étoiles
Un très beau livre sur la sexualité féminine
Dans « Un désir si fragile », le docteur Ghislaine Paris nous emmène dans les mystères du désir féminin.

Mme. Paris va nous expliquer pourquoi les femmes rencontrent aujourd’hui des blocages dans leur sexualité. Les freins sociaux, culturels, psychologiques et historiques vont nous être expliqués aux différents âges de la femme.

Puis, dans un second temps, il nous est expliqué comment la femme doit agir pour construire sa sexualité et l’affirmer auprès des hommes.

En se basant sur son expérience de sexologue et sur les témoignages de ses patientes, l’auteur a construit une théorie solide avançant que le désir féminin est réprimé dès leur enfance car les petites filles se forgent une vision trop romantique de l’amour où la sexualité est complètement occultée.

Les dessins animés, comme la Belle au Bois Dormant, exposent une femme passive qui attend que le prince affronte maints dangers, escalade un château, pour réveiller la belle. L’analogie au sexe, où l’homme doit tout faire et la femme reste passive, est aisée et plutôt bien vue.

Ces pressions sociales et culturelles façonnent donc des femmes qui pensent que le sexe est naturel et qu’aucun apprentissage n’est nécessaire. Elles ne se sont jamais découvertes de manière solitaire et ne veulent et ne peuvent pas exprimer leur désir sexuel à leur compagnon pour les guider. Selon elles, la communication à propos du sexe est bannie car leurs compagnons doivent deviner leurs désirs.

Compagnons qui ne sont pas en reste car ils ne prendront pas toujours en compte les trois piliers du désir féminin : tout d’abord, l’homme doit séduire la femme, ensuite le contexte devra stimuler le désir féminin, enfin, la femme devra se retrouver dans l’autre, dans une relation qui a du sens pour elle.

Je ne trouve pas que l’auteur ait formulé ces trois composants de manière très claire mais je les ai compris ainsi. J’ai ainsi compris que la relation qui a du sens n’était pas obligatoirement un couple mais simplement une relation sexuelle où la femme est respectée et où son désir l’est également.

De plus, elle évoque souvent les fantasmes et la nécessité de ne pas les accomplir pour garder un jardin secret stimulant l’imagination. Mais je ne l’ai pas trouvée claire à ce sujet également. Certains fantasmes ne doivent pas-ils être accomplis pour connaître un plaisir supérieur ?

L’auteur accable également l’idéologie dominante où le sérieux et la souffrance sont valorisés (à travers le travail, j’ai interprété) et où le plaisir/loisir vient seulement après. Le plaisir est donc assimilé à la culpabilité et l’expression du désir est donc freiné.

Il peut également faire peur. Ainsi, lorsque l’homme exprime son désir, la femme peut parfois se refermer comme une huitre car la montée du désir de l’homme est beaucoup plus rapide que la sienne. Elle va donc voir cela comme une agression.

De plus, la femme aura tendance à mettre un clivage entre ses sentiments et sa sexualité. Le sentiment étant valorisé tandis que la sexualité étant méprisé. Cela façonne des femmes avec une sexualité infantile pour un tas d’autres raisons entre autres : « ne couche pas avec les garçons sans sentiments » « Si tu touches tu es une salope.. »

En conclusion, je dirai que ce livre du Dr Paris est superbe. C’est le premier livre sur ce sujet que je lis qui est réellement bien écrit, bien construit et qui suit un fil rouge régulier sans s’éparpiller. La lecture est aisée et l’apprentissage se fait tout seul.

Je le recommande autant aux hommes qu’aux femmes. L’auteur pointe des faits du doigt qui ne sont pas assez conscientisés par beaucoup de gens. Bravo Madame, une belle réussite.