Ca ne coûte rien
de Sylvain Saulne

critiqué par Pucksimberg, le 29 mai 2012
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
"L'auberge espagnole" en Chine !
Shanghaï, 2008.

Pierre débarque en Chine sans avoir beaucoup d'idées sur son avenir. Il fait de la colloc et attend patiemment un héritage. Pierre se rend vite compte qu'un européen vit confortablement en Chine. Il mange avec quelques euros, sort, va en boîte de nuit, goûte à certains massages coquins ... L'héritage se fait toujours attendre et le personnage principal décide d'économiser en mangeant moins et en ne sortant plus. A partir de cet instant, la bande dessinée change de couleur ( noir et blanc ) et le protagoniste joue avec son corps et ses limites. Il dérègle ses sens et voit le monde différemment.

Les dessins sont expressifs et la ville de Shanghaï est très bien rendue. Saulne parvient à nous projeter dans cette ville en faisant entendre les bruits citadins, la foule et presque sentir les odeurs de cuisine. Certains jeux visuels sont même très intéressants.

Le régime forcé de Pierre serait quelque peu irritant s'il n'était justifié par la visée critique de cette bande dessinée qui s'en prend à la société de consommation et l'assistanat propre au monde d'aujourd'hui. Cette expérience extrême est un moyen de responsabiliser le personnage principal : "En France, tu m'énervais à toujours réclamer ton fric du chômage, de la Sécu et tout le tralala ... Tout le temps, tout le temps, comme si "réclamer" était la seule façon de vivre."

Une bande dessinée dont le travail esthétique est vraiment plaisant et dont le personnage principal intrigue tout en agaçant parfois.