Lupus, Tome 4 :
de Frederik Peeters

critiqué par Kabuto, le 29 mai 2012
(Craponne - 63 ans)


La note:  étoiles
Fin
L’album est encore plus onirique que les précédents avec ses nombreux flashbacks et quelques planches qui s’insèrent étrangement au milieu de la narration comme si Lupus se perdait de plus en plus dans son propre monde. Le huis clos est toujours très bien rendu avec ses silences, son ennui et ses moments d’énervements et de paniques. Deux êtres enfermés dans leurs solitudes respectives. C’est ce qui est le mieux réussi dans cette histoire. La façon qu’a Peeters de transcrire les états d’âme en quelques dessins simples est absolument géniale. Mais je suis un peu déçu par la fin ! Non pas que je n’ai pas aimé cette conclusion mais tout s’arrête si brutalement. Sanaa disparaît un peu trop brutalement mais pouvait-il en être autrement ?
Une BD qui dégage une atmosphère étrange et envoûtante, une véritable réussite et un bonheur pour le lecteur.
Huis clos trop clos pour un dénouement 7 étoiles

Rien à redire au niveau du trait qui me plaît vraiment beaucoup et me semble s’être affiné par rapport au volume un. Un beau noir et blanc aux courbes fluides et élégantes, un cadrage efficace, bref, un vrai plaisir des yeux. F. Peeters semble décidément fasciné par toutes les choses qui grouillent, serpentent et ondulent, insérant de plus en plus fréquemment des vignettes telles des images subliminales… renforçant l’étrangeté de l’atmosphère déjà inhabituelle d’une station spatiale abandonnée…

Hélas il y a un « mais »... Et c’est ce « mais » qui remet en cause le béguin que j’avais pour cette série depuis le début, et il a fallu que ce soit au dernier tome que ça se produise ! Et là, c’est au niveau du scénario que j’ai décroché. J’ai trouvé que l’intrigue s’éternisait dans cet environnement confiné, à coup d’incidents anecdotiques parfois amusants, de rêves et de flashbacks en lien avec l’enfance de Lupus, sans aucun rebondissement. Disons que ce tome est essentiellement consacré aux états d’âme de Lupus et à la relation entre le jeune homme et Sanaa. Cela n’est pas inintéressant, mais cela tranche trop radicalement avec le reste de la série. Il me semble que l’auteur aurait pu davantage se lâcher par rapport à ce que laissait entrevoir la fantaisie des tomes précédents. Là au contraire, il se met à prendre son histoire trop au sérieux, veut aborder trop de sujets, recourant à des ellipses étranges voire nébuleuses, cela en devient légèrement agaçant. Et ce n’est pas le dénouement qui vient contredire cela. Un dénouement qui tombe un peu à plat, trop énigmatique voire incompréhensible [SPOILER] : pourquoi et où Sanaa disparaît-elle ? Par quel moyen est arrivé le père ? [FIN DU SPOILER]. Du coup, les moments qui sont censés être émouvants m’ont laissé de glace…

C’est vraiment dommage et je reste donc un peu frustré avec ce dernier volet qui empêche la série d’être un véritable chef d’œuvre, même si cela ne remet pas en cause le graphisme de cette BD.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 8 janvier 2013