Les Chouans
de Honoré de Balzac

critiqué par Rotko, le 17 octobre 2002
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
les sauvages de l'ouest armoricain
J'aime Balzac, jusque dans ses "défauts", ou prétendus tels. Sans cesse il pense à son lecteur, le baratine, s'excuse auprès de lui de longueurs "pourtant indispensables", il le flatte ("les esprits clairvoyants comprendront que..."), le guide pas à pas en lui donnant toutes les explications voulues, depuis l'origine d'un mot, ou le détail à ne pas perdre de vue "si on veut bien comprendre la société à cette époque". Avec "les chouans ou la Bretagne en 1799",il fait une peinture haute en couleurs des paysans bretons, superstitieux et religieux, intrépides combattants et pillards notoires. Le trait est accentué, l'humour vire de la précision inutile ( leurs regards, "tout en annonçant l'intelligence humaine") à la caricature sans appel ("ses cheveux roux appartenaient moins à notre belle race caucasienne qu'au genre des herbivores"). Le roman balzacien se rappelle les modèles de Walter Scott et de Fenimore Cooper, introduit exotisme et aventures, et ouvre les portes aux belles espionnes qui conduiront "la guerre par d'autres moyens..."
Incontournable mais si long ! 5 étoiles

Les Chouans sont cette appellation d'un groupe défendant les idées royalistes et ayant levé de véritables armées principalement dans les régions de Bretagne, du Maine, de Basse-Normandie et du nord de l'Anjou.
Balzac raconte ici une histoire se déroulant fin 1799 où un contingent de conscrits se rendant à Fougères se fait attaquer par un groupe de partisans royalistes.
Le ministre de la police Fouché espère décapiter le mouvement en capturant son chef, le marquis de Montauran, appelé le Gars.

Un des grands romans du Maître, incontournable mais difficile à lire. La profusion des personnages secondaires sème un ordre difficilement digérable De nombreux retours en arrière pour comprendre la trame sont nécessaire. Donc pas vraiment une lecture divertissante


PERSONNAGES



– CORENTIN : ce sont les débuts du policier, agent secret. Il a 22 ans et passe pour le fils naturel de Fouché. On le retrouvera dans Une ténébreuse affaire, puis Splendeurs et misères des courtisanes et Les Petits Bourgeois.

– Comtesse DU GUA : aventurière royaliste au passé tumultueux. Surnommé « La grande garce » et « La jument de Charrette » par les Chouans. Est réemployée dans Madame du Vissard, roman inachevé.

– HULOT (futur comte de Forzheim, futur maréchal) : il a 33 ans en 1799 et il est alors cantonné à Alençon (La Vieille Fille). Il est à Madrid en 1808 (La Muse du département) et c'est en 1809 qu'il est nommé comte par Napoléon. Pour son malheur il aura un frère, le baron Hector Hulot d'Ervy (La Cousine Bette). Le marquis de Montauran, frère du Gars, assistera à ses obsèques.

– MARCHE-A-TERR : nom de guerre du Chouan Pierre Leroi, dit aussi Coupiau, on le retrouve dans L'Envers l'histoire contemporaine. Mais il est le plus survivant des Chouans : en 1816 il fait le commerce des bestiaux près de Mayenne, et vit paisiblement.

– Marquis Alphonse de MONTAURAN ( dit le Gars) : 17 ans en 1799. Il prend aussi le nom de Du Gua-Saint-Cyr et se fait passer pour le fils de la comtesse. Mais c'est sons le nom de vicomte de Bauvan qu'il se présente à Mlle de Verneuil. On en parle dans César Birotteau, Béatrix, La Vieille Fille, Le Cabinet des Antiques, L'Envers de l'histoire contemporaine.

– PILLE-MICH : surnom du Chouan Jean Cibot. Il sera guillotiné en 1809 (L'Envers de l'histoire contemporaine). C'est lui qui se charge avec Marche-à-terre de l'exécution de son cousin Galope-Chopine qui à trahi.

– Marie-Nathalie de VERNEUIL : fille naturelle du duc de Verneuil, elle a 26 ans en 1799. Elle devient la femme de Danton quelques jours avant l'exécution de celui-ci. Son roman d'amour et sa fin tragique sont évoqués dans Béatrix et dans La Vieille Fille.

Monocle - tournai - 64 ans - 2 avril 2021


Un style un peu vieillot et trop romanesque 7 étoiles

Un petit mot sur ce livre de Balzac. Il est intéressant pour le contexte et l'histoire des Chouans que je ne connaissais pas. J'ai aimé le côté instructif, j'ai appris quelques trucs dont entre autres ce qu'étaient "Les Incroyables" et "Les Merveilleuses". J'ai aimé les descriptions de la campagne bretonne et la façon dont les paysans organisaient leurs champs et construisaient des murs pour délimiter chacun d'eux et des échaliers pour passer de l'un à l'autre. Pour l'histoire d'amour entre la belle Mlle de Verneuil et le marquis de Montauran, chef des Chouans surnommé "Le Gars", j'ai trouvé cela vieillot et le style de Balzac m'a souvent agacée. Il insiste beaucoup sur les expressions des visages, les gestes et attitudes des deux amants, leurs sentiments très changeants et volatils. Je me serais crue dans un roman d'Angélique, marquise des anges : les rendez-vous secrets remplis de dangers, les évasions rocambolesques par des fenêtres à l'aide de draps noués, les bals dans des châteaux tombant en décrépitude, la jalousie des deux femmes amoureuses du même homme, les camps opposés qui séparent les deux amoureux. Tiens, Roméo et Juliette n'auraient pas fait mieux...

Pourtant, malgré le côté désuet et trop romanesque, j'ai apprécié ce premier roman de Balzac pour le style riche et foisonnant, pour les personnages hauts en couleurs, pour les magnifiques descriptions de paysages bretons, pour le contexte historique fascinant, pour le combat des deux camps adverses, les uns voulant restaurer la monarchie alors que les autres se battent pour défendre la République.

Un roman d'amour sur fond de guerre sanglante qui comporte quelques passages absolument horribles et d'une sauvagerie difficile à concevoir tel que celui relatant la mort de Galope-Chopine. Une fin digne du grand romancier.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 5 septembre 2011


Les Chouans 8 étoiles

C'est le premier de Balzac que j'ai lu et j'ai bien apprécié. J'aime bien la plume de l'auteur et ses descriptions qui nous font sentir comme si on était là. Il y a une belle histoire qui est bien ficelée. C'est mon premier pas dans La Comédie Humaine que j'ai l'intention de lire en entier.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 6 août 2011


grand récit! 8 étoiles

on n'est forcément pas déçu de ce récit d'Honoré de Balzac qui raconte bien ce qui s'est passé en Vendée "contre" la République de France.
Une triste page de l'Histoire de France, dramatique pour les combattants de la Vendée principalement...
Le château (en ruines) de Barbe-Bleue à Tiffauges est le témoignage, parmi d'autres, de cette terrible guerre...

Jaclyon - - 65 ans - 10 septembre 2008


Oui, mais... 8 étoiles

Je précise pour commencer que Balzac est un de mes auteurs préférés.

"Les Chouans" est un bon livre mais l'on sent trop à sa lecture qu'il s'agit d'une oeuvre de jeunesse (ce n'est pas son premier roman, mais c'est le premier qu'il a publié sous son vrai nom).

On retrouve bien toutes les qualités que Balzac développera par la suite (des personnages biens fouillés qui deviennent des types, l'analyse des passions humaines, ...) mais l'ensemble me semble trop décousu voire parfois confus.

C'est pourquoi, bien que ce soit du Balzac je ne lui donne pas la note maximale.

Néanmoins, le grand mérite de ce livre (au-delà d'une histoire d'amour très belle et de portraits inoubliables des différents protagonistes des deux camps) est de montrer la "réalité" de cette contre-révolution. Il est d'ailleurs intéressant de noter que Balzac le légitimiste n'a pu s'empêcher de prendre parti pour la République...

A lire donc même si ce n'est le meilleur Balzac.

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 7 septembre 2008


Les Chouans contre-attaquent 8 étoiles

“Le premier grand roman de Balzac”, dixit la quatrième de couverture. En fait, si j’en crois l’introduction, ce fut le premier roman que Balzac eut signé Balzac. Les précédents furent signés sous un pseudonyme.
Le livre est bâti autour de trois chapitres. Premier acte : Balzac nous présente la situation en Bretagne en 1799 : la révolte gronde, les Chouans ont repris les armes (quelques années après le passage des terribles tornades bleues), poussés par l’église catholique et les Anglais. Deuxième acte : Balzac nous présente les différents (et nombreux) protagonistes dont la belle Mademoiselle de Verneuil et l’énigmatique Gars. Troisième acte : la tragédie se noue et se dénoue (le tout dans la région de Fougères).
Tout le roman repose sur des faits réels. Toutefois, l’auteur a condensé l’action en quelques jours alors qu’elle aurait duré plusieurs mois. Au final, nous obtenons un roman dense qui se lit d’une traite. Et ce que j’ai le plus apprécié, ce sont les personnages : Balzac les dépeint avec justesse (que ce soit leurs habits ou leur caractère), jamais il ne fait usage de manichéisme (Bleus et Chouans massacrent à l’envie) et il réussit à nous rendre sympathiques les personnages les plus retors. Enfin, Balzac met tout son talent à décrire des paysages et des villes (sans trop s’attarder non plus). D’ailleurs, ce livre m’a donné envie de découvrir Fougères et sa région (même si en deux siècles, l’industrialisation et l’agriculture intensive ont fait leurs dégâts...).

Benoit - Rouen - 43 ans - 22 août 2007


Les Chouans ou le dernier sursaut monarchique 7 étoiles

Inspiré du Ivanhoé de Walter Scott, qu’il venait de traduire, Les Chouans est le premier véritable grand roman balzacien. L’auteur emblématique du réalisme fait le pari d’inscrire une passion amoureuse comme épine dorsale d’un roman historique, qui plus est entre le chef des Chouans, le marquis de Montauran, et Marie de Verneuil, espionne de la République envoyée pour le perdre. Balzac s’efforce de rester le plus fidèle possible aux événements (il s’inspire d’un fait historique de 1798) et surprend par son habileté à se glisser dans la peau et surtout dans la tête d’une femme déchirée entre l’amour de son pays et l’amour qu’elle porte à son amant, qui est en même temps sa cible. Le personnage de Marie de Verneuil est particulièrement soigné, doux mélange de force et de faiblesse hésitant constamment entre les deux camps. Les digressions de l’auteur sont nombreuses, essentiellement pour décrire les différents protagonistes de son récit, et la physiognomonie va bon train. L’autre point fort du roman, c’est une tension dramatique qui ne faiblit jamais (René Guise souligne à juste titre le fait que le roman est clairement organisé en 5 actes comme toute tragédie qui se respecte), même quand l’auteur s’éloigne un peu trop de son fil directeur. Un grand roman à redécouvrir, car trop souvent éclipsé par Le père Goriot.

Sylkarion - Saint-Etienne - 44 ans - 9 décembre 2005


République contre royauté 6 étoiles


Ce classique n'est divisé qu'en trois chapitres dont le dernier fait plus de la moitié du livre. Comme vous ne pouvez pas le lire d'une traite, vous devez couper au milieu ce qui est assez agaçant.
Les Chouans est un roman qui ravira ceux qui aiment l'Histoire. Il décrit en effet assez bien les guerres que menèrent la Bretagne et la Vendée, partisantes du roi, contre la toute jeune République Française.
Pour ma part, j'ai d'abord eu du mal à entrer dans l'histoire. Le début est un peu flou et je n'avais pas de résumé. Je partais donc à l'aveuglette et ne savait pas trop ce que j'allais trouver. En vérité, je n'ai pas aimé ce livre la première fois que je l'ai lu. Quelques temps plus tard, m'ennuyant, j'ai décidé de le relire car je ne me rappelais plus vraiment de l'histoire qui m'avait peu marquée. J'ai alors révisé mon jugement: "Les chouans" est finalement un assez bon roman avec pas mal d'action même si ce n'est pas le roman du siècle.

Mademoiselle - - 37 ans - 4 octobre 2004


"La tête fut tranchée d'un seul coup." 10 étoiles

Galope-chopine a trahi. Les Chouans doivent faire justice. Marche-à-terre et Pille-miche lui tranchent très proprement la tête.
"Pendant que Pille-miche et Marche-à-terre couchaient Galope-chopine sur le banc, un de ses souliers était tombé sous son cou de manière à se remplir de sang." La veuve de Galope-chopine et son fils reviennent au logis : "Ote ton sabot, dit la mère à son fils. Mets ton pied là-dedans. Bien. Souviens-toi toujours du soulier de ton père, et ne t'en mets jamais un aux pieds sans te rappeler celui qui était plein du sang de ton père versé par les Chuins, et tue les Chuins." Un extrait d'une rare cruauté. L'un des moments forts de ce grand roman qui suffirait à la gloire de n'importe quel auteur "normal" mais qui n'est qu'une porte d'entrée, qu'un seuil taché de sang : celui de la "Comédie humaine".

Lucien - - 69 ans - 10 avril 2003