De l'urgence d'être réactionnaire
de Ivan Rioufol

critiqué par Gnome, le 19 mai 2012
(Paris - 53 ans)


La note:  étoiles
Réactionnaire ?
Ivan Rioufol est essayiste et éditorialiste, il tient un bloc-note au Figaro et intervient régulièrement dans l’émission de radio "On refait le monde" sur RTL. Il fait partie des 4 ou 5 éditorialistes souvent qualifiés de "néoréacs" et parfois accusés de monopoliser les médias (sic).

Qu’est-ce qu’un réactionnaire ? Est-ce juste quelqu’un qui ne conçoit l’avenir qu’en jurant que "c’était mieux avant" ? C’est peut-être un peu plus subtil que cela. Dans ce livre, Rioufol s’attache à expliquer que le réactionnaire n’est pas un rétrograde et qu’il est fondamentalement attaché au progrès.
Il y a une certaine impatience dans la réaction d’aujourd’hui qui, selon Rioufol « répond au refus d’une partie de la population de se dissoudre au terme d’un abandon de ses valeurs au profit de nouvelles valeurs de substitution n’ayant de commun que l’usage des techniques. »
D’après Rioufol, « le réactionnaire du XXIème siècle est appelé à devenir le progressiste de demain » et il est inéluctablement amené à se faire entendre de plus en plus, notamment grâce à Internet, qui permet de s’affranchir de la « druckérisation générale des esprits, cette platitude souriante et compassionnelle qui est devenue le mode d’expression obligée des faux gentils qui mobilisent la parole publique.» Grosso-modo, on pourrait dire que le réactionnaire est un citoyen tourné vers l’avenir qui en a un peu marre qu’on lui fasse avaler des couleuvres…

Dans cet ouvrage qui rencontre un beau succès, Rioufol dresse la liste de ces nombreuses « couleuvres » sous forme de constat de ce qui doit, selon lui, porter de plus en plus de français à entrer en réaction. Parmi ces serpents, on notera :
- L’uniformatisation de la pensée imposée par ceux qui prônent la valeur de la diversité mais qui ne supportent pas les opinions divergentes,
- le politiquement correct qui empêche de nommer les choses et qui confond progrès et fuite en avant,
- La culture de la repentance qui entraîne le français à détester son histoire au point d’en redessiner ses contours ou même d’en occulter certains de ses personnages dans les programmes scolaires,
- La dictature des associations bien pensantes et antiracistes qui engagent la France dans un multiculturalisme qu’il est impossible de remettre en question sans être aussitôt accusé des pires intentions (les antiracistes, obsédés par les origines, interdisent aux "autres" d’y faire référence),
- La montée délirante des communautarismes de tous poils (raciaux, ethniques, nationaux, sexuels, religieux, etc.), mollement admise par les médias mais vécue de façon insupportable par un nombre grandissant de concitoyens qui sont montrés du doigt comme "beaufs" ou "fachos" quand ils osent émettre des doutes sur cette forme de société,
- … Bref, « Nombreux sont les français qui en ont plus qu’assez de se faire malmener, ridiculiser, enfumer par des démocrates qui n’aiment pas le peuple, des humanistes qui n’aiment pas les gens, des journalistes qui n’aiment pas les faits, des antiracistes qui n’aiment pas les blancs, des progressistes qui aiment tellement les pauvres qu’ils sont prêts à en faire venir toujours d’avantage. »

Un petit livre assez jubilatoire au style remarquable, qu’illustre bien cette citation extraite de la pièce de Bertolt Brecht "la Solution" : « J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a "trahi la confiance du régime" et "devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités". Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? »