La guerre d'Espagne
de Antony Beevor

critiqué par Falgo, le 17 mai 2012
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Bel apport à la compréhension de l'histoire de l'Espagne
Les historiens espagnols expriment des réserves par rapport à la réédition en 2006 de "La guerre d'Espagne" d'Antony Beevor. La raison en est que l'auteur les cite trop peu alors qu'il utilise abondamment leurs récents travaux qui portent une lumière neuve sur cet épisode tragique et si significatif de la vie du monde.
L'ouvrage de Beevor, à jour donc de tous ces récents apports de l’historiographie contemporaine, présente deux qualités majeures: la clarté et la grande précision dans la description de la conduite de la guerre.
La clarté, d'abord. A la différence d'autres auteurs qui perdent leurs lecteurs dans la complexité des situations et des intervenants, Beevor sait, au prix probablement de quelques simplifications, rendre clairs les composantes des deux camps en présence, leurs affrontements et leurs enjeux aux divers stades de la guerre. Cette qualité est particulièrement nette pour le camp républicain plus complexe assurément que son opposant et dont les désunions internes ont, d'après l'auteur, causé sa perte.
Les épisodes de la guerre, ensuite. On suit constamment l'évolution des forces en présence, leur nombre, leurs qualités, leurs défauts, leur armement. Chaque grande bataille est décrite avec une évaluation des forces militaires, des terrains d'affrontement, des stratégies et tactiques appliquées par chacun. L'auteur est officier, cela se sent. Très claires sont les descriptions des apports étrangers à chaque camp (allemand et italien pour les franquistes, soviétique pour la République), en hommes, en armement et en conduite de la guerre. Les pressions soviéto-communistes sur le gouvernement de la République et leurs conséquences sur l'issue de la guerre sont explicitées dans le détail. Le rôle des Brigades Internationales est finement analysé avec ses apports et ses défauts. A l'occasion ressort une critique sérieuse des "héros littéraires" tels Malraux ou Hemingway dont la contribution au camp républicain semble plus pauvre et discutable que la légende ne le laisse entendre. Un très grand livre sur un inépuisable sujet de réflexion sur les évolutions du monde.