Le goût de la photo
de Auteur inconnu

critiqué par Veneziano, le 13 mai 2012
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Des images fidèles... et un peu plus
La photographie a bouleversé techniquement les arts plastiques, ou visuels, par son procédé technique pouvant la rendre industrielle. Si elle a contraint la peinture à évoluer, elle a pu décevoir comme procédé.
C'est bien pourquoi les artistes, y compris les écrivains, n'ont pas manqué de s'exprimer à son sujet, de son apparition au cours du XIXème siècle à nos jours. Aussi cette petite anthropologie nous propose-t-elle de retracer les premières impressions et les usages que la photographie a pu inspirer.

Elle a pu inspirer un certain mépris, par sa représentation intégralement fidèle de la réalité, son intérêt ne tenant qu'à son innovation technique. C'est par un tel jugement sans appel qu'a pu s'exprimer Lamartine.
Nadar a pu se justifier de la démarche et de l'intérêt de son apport, les grands artistes de ce nouvel art viennent exposer leur volonté, ce qu'exprime une image prise au vol ou composée, Willy Ronis explique l'origine de son humanisme populaire, Doisneau, Lartigue et Depardon dévoilent leur mode de conception, celui de Cartier-Bresson est analysé. Man Ray retrace la démarche surréaliste de la photo, apparemment paradoxale.
Zola est intrigué par le souci du détail que la photo propose, ce qui n'est guère surprenant pour un romancier réaliste, Marguerite Duras, Patrick Modiano et Le Clézio dévoilent l'émotion que le cliché génère, les besoins liés à la nostalgie, à la nécessité de garder traces du présent, que crée cet art.

L'écrit retranscrit le visuel, la photo aussi. Malgré les apparences, cette dernière peut donner plusieurs points de vue, des impressions et montages divers, des grilles de "lecture". Et l'écrit décrit, de multiples manières également. Il n'est donc pas étonnant que les deux arts se croisent.
Ce petit livre est intrigant, peut servir d'initiation, de début de réflexion, inciter à approfondir. Il est bien fait. Il est juste dommage qu'il ne donne pas à voir.
Il est à découvrir.