L'été du déserteur
de Veijo Meri

critiqué par Rotko, le 9 octobre 2002
(Avrillé - 50 ans)


La note: étoiles
"Une grande lassitude".
Devant la grande offensive russe, les Finlandais se replient en désordre, et quand il s'agit de passer le fleuve pour échapper à l'ennemi, c'est la débandade. On ne voit pas les Russes, mais on croit deviner leur présence.
Au lieu de la barque, c'est le courant qui emporte nageurs ou piétons. Devant une telle inefficacité, que faire ? Lauri, le sergent, tente d'atteindre l'autre rive, en escaladant les ruines du pont. Aucun de ses hommes ne le suit ; chacun a perdu l'espoir. Finalement Lauri, après avoir essuyé des coups de feu, découvre sur l'autre rive une recrue finlandaise, "tout ce qu'il y a de plus recrue", persuadée d'avoir tiré sur un Russe !

Lauri décide alors de rentrer chez lui à pied, avec tous ces gens qui sont jetés sur les routes... "Tu tombes bien !" lui disent ses soeurs, "on va pouvoir faire les foins".

Aucun pathos, aucun pittoresque guerrier, mais une grande lassitude de tout. Chacun poursuit de façon mécanique les occupations traditionnelles, couper du petit bois, s'occuper des bêtes, ou du cheval qui, effrayé, ne se laisse plus approcher, sans doute victime de la même angoisse que les humains ont renoncé à exprimer.

Le style est impassible, on courbe le dos sous l’inévitable, on serait tenté d'accepter le sort, si au moins on savait ce qu'il réserve ; et le lecteur suit, intrigué, cette drôle d'action où chacun tient mal son rôle, faute d'y croire. Impossible pourtant d'y échapper.
Note de l’éditeur : Veijo Meiri est considéré, dans son pays et à l’étranger, comme un des meilleurs écrivains de la Finlande traditionnelle. Il a reçu le grand prix de Littérature du Conseil Nordique.