Knulp
de Hermann Hesse

critiqué par Lecassin, le 11 mai 2012
(Saint Médard en Jalles - 68 ans)


La note:  étoiles
Errance...
Au début du XXème siècle dans une ville d’Allemagne, un vagabond... Knulp. Vieillissant et tout juste sorti de l'hôpital, il décide d’un retour au village de son enfance après des années d’errance. Epuisé et malade, il sait qu’on le recevra. Aussi continue t-il son vagabondage, mais cette fois, de maison en maison, chaudement accueilli… Chaudement mais peut-être pas sans arrière pensée : ses anciens camarades de jeunesse lui reprochent en effet, même inconsciemment, le gâchis de dons exceptionnels dont il était doté.
Un petit roman, ou une grosse nouvelle, où Hermann Hesse nous présente en trois parties - comme souvent - le portrait d’un personnage complexe et attachant ; et qui ne trouvera le repos de l’âme qu’au crépuscule de sa vie qu’il pense ratée en s’en ouvrant directement et vertement à Dieu lui même comme par reproche. Dieu qui lui affirmera : «Tu es mon enfant et mon frère et une part de moi-même». Finalement réintégré dans le grand tout, il mourra serein, convaincu d’avoir tenu en ce bas monde le rôle qui devait être le sien ; conforme à sa destinée.
Comme toujours, Hermann Hesse nous entraîne par le biais de son héros - souvent atypique – dans une réflexion sur nous-mêmes qui débouche immanquablement sur la question du choix de vie : sommes-nous faits, toujours, pour accomplir ce pour quoi, « à l’évidence » nous sommes programmés ?... Knulp, magistralement doué, mais un esprit « libre », fera le choix, lui, à rebours des conventions sociales de son époque, de l’errance et de la rêverie pour orienter son existence. Un superbe texte.

Scènes d'une vie de bohème 7 étoiles

Knulp est un vagabond qui promène sa vie de bohème. S'il rompt avec la norme, c'est par amour d'abord, un attachement d'adolescent qui lui fait renoncer à ses talents multiples.
Mais pour faire un bohème, il faut plus que ça. Une aptitude à se laisser "couler" et à laisser de côté ses ambitions, c'est aussi et surtout un tempérament.

Un beau roman court de Hermann Hesse. Seulement, si on connaît un tant soit peu le thème de la bohème et son traitement dans la littérature du XIXe siècle, on trouve que la thématique pourrait être traitée d'une manière plus profonde, le personnage pourrait aller plus loin dans le désœuvrement ou dans l'excentricité. Peut-être ses traits ne sont-ils pas assez prononcés.
Cela demeure néanmoins une belle découverte.

Justine J - - 38 ans - 24 juillet 2013