Inversion de l'idiotie : De l'influence de deux Polonais
de David Foenkinos

critiqué par Miller, le 6 octobre 2002
(STREPY - 68 ans)


La note:  étoiles
Dérapage contrôlé
L'auteur nous fait des virages sur deux pneus. On s'ennuie pas.
« On ne naît pas femme on le devient » écrivait Simone de Beauvoir, avec qui Foenkinos n'a rien à voir. C’était juste pour faire diversion. Foenkinos est déjà un écrivain, n’a pas besoin de le devenir, et son personnage Conrad n'est pas idiot : il est juste persuadé qu'il est le neveu de Milan Kundera.
Comment ne pas en être convaincu, du reste, quand sa mère lui rappelle avec émotion que le grand homme lui a offert un cheval de bois lorsqu'il avait quatre ans ? Pourtant, aucun lien ne rattache le jeune exilé tchèque au romancier. De même que hormis le prénom, rien ne permet de le rapprocher de l'obscur cheval de course qui, en remportant le quinté + malgré une cote nullissime, permet à Victor de s'établir rentier à seulement vingt ans.
Mais Foenkinos sait prendre des chemins inattendus vers d'improbables coïncidences. Victor le jeune et richissime oisif rencontrera Conrad le simple d'esprit - et connaîtra grâce à lui les reliefs de la vie, bonheur et baffes qui vont avec. Une Térésa vient se mêler à tout ça.
Humour et tendresse, voilà la carburation de ce dérapage contrôlé par David Foenkinos. Une manière de jouer un thème, on pense au Zazie de Queneau. Dans le sens où les personnages semblent sortis d'un rêve. Mais le roman est victime de ses qualités. Chargé. Trop chargé par les lectures de l'auteur. On le sent. Mais au final, la virtuosité fait oublier
les effets trop fluo Quelques extraits :
«
Ne pas croire en quelque chose, c'est retomber en enfance ».
« Le vrai bonheur est celui que les autres ne voient pas, et donc n'envient pas ». « Le miracle des banquiers est de connaître notre vie par notre argent »
« Ceux qui lèchent à longueur de journée ne se doutent de rien lorsque leur tour advient ».
« On mesure le bonheur d'un couple à leurs photos, et les photos se prennent pendant les vacances ; sans les photos de vacances, on ne pourrait jamais prouver qu'on a été heureux ».
« Les choses qui nous apportent le plus sont celles que l'on emporte sans préméditation. »
Agitez la bouteille avant de consommer, même s’il n’y a pas de pulpe 4 étoiles

J’ai commencé à trouver ce récit moins barbant à partir de la page 131 et je me suis intéressé au délire pendant les 40 pages suivantes. Puis je me suis rendormi.
Pas pu m’empêcher, à chaque page, d’entendre l’auteur me susurrer entre les lignes : « Voyez comme j’ai de l’imagination et comme mes personnages sont déjantés. Vous en voulez combien de pages ? 200 ? 2000 ? 20 000 ? Ah ? Vous trouvez que 211 ça suffit largement comme ça ? Bon, tant pis ».
D’accord, c’est frais, c’est pétillant.
Mais, bien plus qu’au champagne, on songe à la limonade, parce que c’est plutôt sucré et que ça ne monte jamais à la tête. Jamais.

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 7 juin 2007


Conrad, un ami qui vous veut du bien 8 étoiles

Victor, le héros de ce premier roman de David Foenkinos, est un être oisif depuis qu'il a gagné une somme astronomique au quinté +. Rentier depuis ses vingt ans, il vit insouciant et désinvolte. Térésa partage sa vie mais ce n'est déjà plus le grand amour. Les nuages annonciateurs du grand orage commencent à s'amonceler autour de Victor. Alors, quand lui vient l'idée géniale et à la fois saugrenue d'offrir une boîte de trente sardines millésimées pour le trentième anniversaire de sa femme, vous comprendrez aisément que celle dernière voit rouge. C'est donc sur cet amour interrompu que débute le roman et que l'on retrouve Conrad, un simple d'esprit, faux – vrai neveu de Milan Kundera". On lui donnerait le bon dieu sans confession à ce Conrad, " tout rond, tout gentil, tout bête", fraîchement débarqué de sa Tchéquie natale.
De cette rencontre impromptue, Victor va essayer de tirer profit et reconquérir le cœur de Térésa. S'ensuivra toute une série de rebondissements et de quiproquos tous plus délirants les uns que les autres.
Avec "Inversion de l'idiotie", on se croirait dans l'un de ces vaudevilles déjantés où les portes claquent et les acteurs crient à tue-tête. On grimpe progressivement dans la drôlerie et l'absurde, la tendresse aussi. L'écriture de David Foenkinos est remplie de trouvailles et de fantaisie.
Un premier roman inventif donc, qui nous démontre par l'absurde que n'est pas idiot celui que l'on pourrait croire!

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 15 mai 2005


Absurdité, quand tu nous tiens 8 étoiles

Foenkinos a écrit un roman drôle et intelligent dans lequel l’absurde règne en maître.
Conrad, un idiot, débarque à Paris chez son oncle Milan Kundera, qui n’est pas vraiment son oncle. Mais qui l’héberge tout de même.
Conrad croise Victor, riche et triste personnage, tout heureux de partager son foyer avec ce nouvel ami. De là s’enchaînent jeux de piste et quiproquos.
Un roman étourdissant dans lequel on apprécie avec plaisir et gourmandise la férocité de l'humour de Foenkinos (il faut lire Le potentiel érotique de ma femme, un régal!).
Ce récit part dans tous les sens, on jongle à distinguer éléments réels et fictionnels, on sourit, on rit, on s'attache. Le livre prend vie, les personnages semblent être là, devant nous, un peu comme si on assistait à une pièce de théâtre divertissante et loin d'être idiote.

Sahkti - Genève - 50 ans - 25 juin 2004