La fille de l'eau
de Sacha Goerg

critiqué par Pucksimberg, le 3 mai 2012
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Une jeune fille qui cherche à comprendre ...
Cela faisait quelques jours que je lorgnais cette bande dessinée dans ma librairie car sa couverture aquarelle et son titre sont énigmatiques. On y voit un être androgyne en pleine mer, au pied d'une falaise observant une demeure rouge très design. On ne devine absolument pas ses motivations. Je l'ai achetée et l'ai lue voracement. Elle est captivante.

Cet être androgyne est en réalité une jeune fille Judith qui va se travestir en garçon afin d'approcher la demeure où vit la famille de son père qu'elle n'a jamais connu. De Judith elle devient Damien, du jeune homme perdu en mer à cause de son pédalo elle est en réalité une jeune fille qui souhaite toucher du doigt la vie qu'elle n'aura jamais. Petit problème : son vrai père est mort ! Elle ne pourra donc que s'imprégner de l'univers paternel.

Judith travestie sera fort bien accueillie par les habitants de la demeure rouge. Sonia, l'épouse de son feu père, l'autorise à entrer chez elle. Judith découvrira Mattew, le fils, donc son demi-frère, en pleine crise identitaire sexuelle.

L'un des principaux thèmes de cette BD reste l'identité : une héroïne déguisée en garçon, un fils qui se cherche sexuellement, une soirée arrosée où tous les convives se déguisent et se libèrent ainsi de leur propre identité ...

Un second thème serait la quête du père, le retour aux origines : la BD flirte avec le fantastique, un petit bonhomme noir et naïf, une avatar du père, suit l'héroïne. Ce retour aux sources est retranscrit par des nombreuses entrées dans de vastes lieux mystérieux, des matrices géantes : entrée de Judith dans la maison paternelle, entrée dans les sculptures immenses faites par son père, entrée dans une grotte qui rappelle fortement le sexe féminin, maternel ...

Les dessins sont expressifs et assez symboliques, les couleurs sont harmonieuses et les aquarelles ne font qu'embellir cette oeuvre. Cette "Fille de l'eau" se lit avec plaisir, n'est pas si léger que ça et interroge. Une belle découverte !