Okilélé
de Claude Ponti

critiqué par Sissi, le 2 mai 2012
(Besançon - 54 ans)


La note:  étoiles
Critique faite avec des enfants.
Résumé collectif :

Okilélé n’était pas beau à sa naissance, et à force d’entendre « oh, qu’il est laid ! », il a fini par croire que c’était son prénom. Alors il décide de se faire un masque pour ressembler à tout le monde, mais il continue à déranger ceux qui l’entourent. Rien ne va dans sa vie, il attache les gens de sa famille avec des cordes pour pouvoir "parlophoner" avec eux, mais comme son parlophone est trop serré, rien ne fonctionne.
Il s’isole sous l’évier et trouve Martin Réveil qui avait été cassé et jeté à la poubelle. Ils deviennent amis. Okilélé agrandit sa Maison-Sous-la-Terre. Il réussit à parlophoner avec les étoiles qui lui disent que quelque part, quelqu’un a besoin de lui, alors il part chercher ce quelqu’un. Il rencontre Gradusse, l’éléphant muet, et réussit à le sauver « Si tu as eu le dernier mot, tu l’as toujours, et un mot c’est suffisant…Prononce ton dernier mot ! », Gradusse réussit, il est délivré, veut aider à son tour Okilélé mais il ne dit pas le bon mot à Boît-Taréponz qui s’envole, du coup Okilélé ne peut plus poser ses questions, alors il dit au revoir à Gradusse.
Un vieux sage lui dit qu’il faut suivre le fil. C’est un fil mince comme une cheveu, difficile à suivre, mais par la suite il se transforme en corde.
Okilélé croise un monstre, qui ne veut jamais laisser passer personne, mais Okilélé éternue tout son rhume noir « auquel il ne faisait plus attention » et il tue le monstre.
Puis il rencontre Pofise Forêt, qui lui demande tout un tas de choses, comme par exemple « neuf petits déjeuners par jour. Même la nuit . » Mais quand elle lui demande d’arrêter son ami Martin Réveil, il refuse. Ensuite Okilélé apprend à parler arbre, à parler oiseau, à parlophoner avec le monde entier.
Il plante une montagne qui grandit et finit par atteindre les étoiles. Il aide le soleil à se réveiller et le soleil lui donne une partie de lui-même.
Enfin, Okilélé retrouve ses parents. « Tout allait mal depuis qu’il était parti. Les mots disaient le contraire, les mains faisaient autre chose, et les repas n’avaient plus de goût. »
Mais tout s’arrange, Okilélé prépare un bon repas, et après ce repas « qui dura sept heures et qui avait quatorze desserts ordinaires et vingt-huit extraordinaires, tout le monde danse la Grande-Danse-de-la-Joie-Joufflue ». Okilélé se dit qu’il lui reste une chose à faire « aller chercher [une] princesse et l’épouser, si elle le veut bien. »

Ce livre est assez long, un peu obscur car fortement ancré dans le symbolisme, le graphisme n’est pas dans les plus beaux que Claude Ponti ait faits, et pourtant je suis en permanence sollicitée pour le lire. Sans que les petits yeux écarquillés que j’ai devant moi ne montrent aucun signe de lassitude.
J’ai donc eu l’idée d’en faire la critique, et une idée en appelant une autre, celle de laisser la parole à ce jeune public enthousiaste, dont je ne me fais juste le porte parole.
(Tous ceux que j’ai interrogés aiment le livre, malgré les réserves énoncées.)


Gaël (dit Galou, 4 ans), Nathan (4 ans), Nino (6 ans) et Adrien (alias Dridri, 7 ans), ressentent surtout beaucoup d’amusement. Nino adore « quand le gros méchant tombe dans le trou » (image de la mort du monstre), les arbres squelettes de Pofise Forêt (image), et il aime bien quand Pofise Forêt donne des ordres, car ils sont fous ». Adrien trouve que « c’est trop bien quand il descend de la montagne (image), parce que ça ressemble à un toboggan. »
Ce livre les fait essentiellement rire, ils prennent du plaisir à regarder seuls les images et à les commenter entre eux.
Ils ne se lassent pas d’écouter l’histoire, car elle contient plusieurs temps forts qu’ils affectionnent particulièrement et qu’ils attendent avec impatience.

Pour Carla (7 ans) en revanche, les personnages ne sont pas beaux et pas gentils avec Okilélé, ça la rend triste, et si elle apprécie le livre, ce n’est pas celui qu’elle préfère.
Charlise (6 ans, bonne lectrice déjà) aime écouter, mais quand je lui demande de lire le livre seule elle dit qu’elle ne comprend pas bien, et que c’est « un peu bizarre ». Elle aime beaucoup les images, et préfère donc la lecture à voix haute d’un adulte. Et ce n’est pas grave si on ne comprend pas tout.
Keran (Kéké), 7 ans, est un fan inconditionnel, « parce que les gugusses sont rigolos », et aussi « parce que dans les autres histoires, il n’y a pas de fin, et là il y a une fin. Et ça finit bien. » (la fin ressemble effectivement à la chute très conclusive des contes, NDS- note de Sissi).
Il aime le mot « parlophoner », qui signifie selon lui « parler super loin », pour les autres « un mélange de parler et téléphoner », pour d’autres simplement « parler ».
Valou (25 ans, mais grande enfant néanmoins...ma collègue) ne partage pas cet avis. Si elle aime le graphisme riche et étoffé du livre, l’alternance entre la gravité et la drôlerie, elle trouve cette fin décevante et hors de propos. La présence de la « Princesse » dénote par rapport au reste du texte et paraît incohérente.
Zoé, 9 ans qui écoute approuve, elle trouve que ça finit beaucoup trop bien et que ça manque d’aventure. Elle trouve ce livre « très bizarre », tant dans les dessins que dans le texte, mais elle avoue être attirée par cette étrangeté, le lit seule un jour et me dit qu’elle le relira volontiers. Elle précise que c’est un livre qu’on peut « lire » juste en regardant les images, sans avoir besoin de déchiffrer le texte, qu’il y a tellement de choses à voir que c’est plus agréable quand quelqu’un d’autre raconte l’histoire à haute voix.
Pour elle, « parlophoner » signifie "communiquer".
Marie, 11 ans, dit que ce livre « explique un peu la vraie vie, dans la vraie vie il se passe aussi tout ça, même si là c’est exagéré », « parfois, on dirait qu’Okilélé rêve », ça donne un mélange bizarre mais attachant.
Ambre, 11 ans, amie de Marie, est d’accord avec elle et n’a rien d’autre à ajouter.


Sissi, pour cette fois ci, dira juste : merci !