L'incarnation
de Louis Calaferte

critiqué par Rotko, le 3 octobre 2002
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
"pipi, caca, terreurs nocturnes et cruautés".
L'enfant est sans cesse confronté à son énurésie, au manque de maîtrise de ses sphincters. Il subit les humiliations d'adultes brutaux, grossiers, sans une once de tendresse. Réfugié sous l’évier, il épie ces drôles d'adultes, aux conversations inquiétantes ou mystérieuses,
il y voit des menaces et s'attend au pire. Sous la table, il entrevoit des cuisses graisseuses, sent des odeurs moites, et se fait rabrouer pour sa présence muette et constante. Des odeurs fortes prennent jusqu'à la nausée, et l'enfant y prend goût, adoptant pour ainsi dire ces habitudes de "cochon" dont on lui fait publiquement grief.
Sa curiosité le pousse à explorer le caché, à braver l'interdit, à écouter la nuit des bruits et des cris qui intriguent et troublent. L'enfant en sera marqué à jamais dans ses amours de rencontres, plus ou moins sordides comme il se doit. Héritage oblige.
Enfance meurtrie, avilie, enfance-exploration inquiète. Ce livre est un réquisitoire contre un monde adulte caricatural, dont la cruauté collective se manifeste lors du massacre d'un rat pris au piège, mais aussi dans ces perpétuels soupçons infamants dont on gratifie généreusement autrui.
La lecture est éprouvante, tant y est grande la noirceur de l'humanité décrite.