En un combat douteux
de John Steinbeck

critiqué par Lolita, le 1 octobre 2002
(Bormes les mimosas - 38 ans)


La note:  étoiles
Deux hommes douteux pour un combat douteux...
L'histoire de John Steinbeck est vraiment très intéressante à lire.
L'histoire se déroule en Californie dans les années 1930. A cette époque là, les ouvrier agricoles sont des travailleurs itinérants qui travaillent dans les grands vergers. Mac, un communiste, doit partir pour une mission : provoquer la grève de ces travailleurs. Avec lui l'accompagne Jim, un nouvel adepte du parti. Ils se rendent dans les grands vergers et entament cette grève pour recevoir une augmentation de salaire. Un grand combat dans lequel tout le monde ne s'en sortira pas sain et sauf. Jim et Mac essayent de mener à bien leur mission mais dans quel intérêt?
Cette longue grève est en réalité un grand combat que mènent tous ces travailleurs, sous la direction de Jim et Mac, les deux communistes. Ils vont devoir se battre contre les autorités, se battre contre des travailleurs qui refuseront la grève. Ils vont terroriser des populations et saccager tout ce qui se met en travers de leur route.
Le livre porte uniquement sur cette grève. Ce n'est pas du tout ennuyeux puisque le livre est riche en rebondissements et péripéties. De plus, c'est très intéressant. On est seulement un peu déçu par l'issue que prend le livre, on aurait souhaité une fin plus prometteuse et surtout qui ne se termine pas "en queue de poisson".
Un court extrait pour vous faire une idée :
"- Ce n'est pas sa faute. S'il veut garder sa place, il faut qu'il fasse son boulot. Le vieux se redressa et leva la main vers un bouquet de pommes. Il les cueillit l'une après l'autre, délicatement avec un léger mouvement de torsion, et il les posa dans le seau.
- Quand j'étais jeune, je pensais qu'il y avait quelque chose à faire, dit-il d'une voix lasse. Maintenant j'ai soixante et onze ans.
Un camion passa au-dessous d'eux, emportant des caisses pleines. Le vieux poursuivit :
- Je travaillais dans les bois du Nord, quand les "Wobblies" ont tout foutu par terre. J'étais bûcheron de haute volée, un sacré bûcheron. Tu as vu peut-être de quelle façon je me tenais sur un arbre. A cette époque j'espérais en beaucoup de choses. Ces "Wobblies" nous ont procuré beaucoup d'avantages. Nous étions logés dans des trous ; rien pour nous laver ; on nous donnait à manger de la viande pourrie. Eh bien, ils ont obtenu des douches, des water-closets, mais ça n'a pas duré. Puis, j'ai fait partie du syndicat ; nous avons élu un président. La première chose qu'il a faite, ç'a été d'aller lécher le cul au patron, et il nous a vendus. Nous payions des cotisations et le trésorier est parti avec l'argent. Vous autres, les jeunes, vous préparez peut-être quelque chose. Nous avons fait ce que nous avons pu."
Une petite anecdote à propos du livre :
L'oeuvre est acclamée par la critique populaire, mais soulève de vives controverses. On condamne le langage qu'il utilise, jugé vulgaire, et politiquement, on lui reproche son penchant "socialiste" et la description qu'il fait des travailleurs de l'Oklahoma et des producteurs Californiens. A St-Louis (Missouri) 3 copies du livre sont brûlées sur la place publique en signe de protestation (...). Le livre sera placé sur les tablettes, mais dans une section "Adultes Seulement". Il sera banni des bibliothèques et librairies de Kansas City (Missouri) et de l'Oklahoma. Le livre sera décrété lecture obligatoire dans les collèges de la ville de New York. En Californie, le livre est banni par plusieurs villes sur demande de de L'Association des fermiers du comté de Ken.
En un combat douteux 10 étoiles

Encore une fois, j'ai lu un livre solide de Steinbeck. J'ai toujours été touché par les revendications du mouvement ouvrier. J'avais adoré Germinal de Zola justement à cause de ça. Ici, on voit les petites magouilles du parti communiste qui manipule les ouvriers agricoles dans le but de faire avancer le droit des travailleurs et de les solidariser. Malgré le but noble du parti, le vrai but est d'obtenir des nouvelles adhésions et faire sa révolution malgré des sacrifices humains. D'un autre côté, il y a les grands propriétaires terriens qui ne cherchent qu'à s'enrichir aux détriments de ces mêmes travailleurs.

Cet excellent livre porte beaucoup à réfléchir. C'est aussi une page d'histoire. On apprend beaucoup sur ce que devaient subir les ouvriers agricoles des années 1930. Tout leur malheur qui venait d'un surplus de travailleurs par rapport aux emplois disponibles. J'espère que nous ne retournerons jamais aux mêmes conditions sociales qu'à cette époque.

Un grand livre sur le mouvement ouvrier.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 18 juillet 2012


Douteux ? 9 étoiles

A la lecture du livre , j'ai de suite fait le rapprochement avec les raisins de la colère , ce coup là , nous sommes au coeur de la grève ; son déclenchement , son déroulement .....
Steinbeck donne aussi une définition de l'idéal communisme international (même si nous ne gagnons pas celle-la , elle aura servi quand même , continuons le combat ).
Indispensable .

Naoki70 - - 46 ans - 13 septembre 2011


A ne pas manquer ! 8 étoiles

Comme de nombreux livres de Steinbeck, En un combat douteux... s'inscrit dans le palmarès des chefs-d'oeuvre du géant ! Une histoire passionnante qui permet de se divertir tout en apprenant. La fin est en effet plutôt décevante mais elle donne malgré tout un charme et l'auteur pose de cette manière, sa signature immanquable !
Notre société actuelle n'est-elle pas comparable aux événements racontés dans ce roman ? A méditer....

Blow - - 31 ans - 10 juillet 2011


Remarquable 8 étoiles

J'ai lu ce livre il y a quelques années, juste après m'être attaquée aux Raisins de la colère et à L'est d'Eden. J'ai été subjuguée presque autant que pour les précédents.

Janiejones - Montmagny - 39 ans - 11 juillet 2007


courageux 6 étoiles

Je n'ose imaginé le courage nécessaire à l'époque pour faire une oeuvre comme celle-là; mais je ne parlerai pas de chef d'oeuvre, d'abord parce qu'elle ne me semble pas réaliste: Jim et Mac arrivent toujours à leurs fins, tout se passe fort facilement: le dialogue avec les ouvriers, la mise en place de la grève etc.. Mais après peut-être est-ce moi qui ai tort et peut-être que les choses étaient aussi simples, ou peut-être n'ai-je pas compris et peut-être que Steinbeck cherchait seulement à montrer l'organisation d'une grève et la réaction d'une foule en y engageant ses opinions politiques.

En revanche, on peut dire que cet écrit porte bel et bien la marque de Steinbeck de prime abord par son style bien sûr mais aussi par la présence de ce quasi dieu qu'est Jim; je me permet de dire cela car j'ai déjà lu de Steinbeck La perle, Au dieu inconnu et Tortilla flat et dans chacun de ces écrits figure un dieu fort présent et étrange.

Voilà mais tout de même un très bon livre bien engagé comme il faut

Elyria - - 33 ans - 28 mars 2007


Steinbeck : une lecture indispensable 10 étoiles

Steinbeck, ce rouge, ce communiste, cet espion, ce traitre…
Voilà ce qu'était le grand John pour les dirigeants américains de l'époque… souvenez-vous : la commission McCarthy et tous les scénaristes, metteurs en scène et artistes empêchés de travailler, condamnés au silence.
Steinbeck a osé dire ce qu'il croyait néfaste, ce qu'il pensait critiquable aux Etats-Unis, et dans quel style…

Les Etats-Unis n'ont guère changé, mais les Steinbeck se sont tus (ou on les a enfin fait taire, ces traitres)

Quel envergure avait ce diable d'homme, car, hors cet "En un combat douteux" il a écrit ce déchirant "Des souris et des hommes" et le rabelaisien "Rue de la sardine"


Steinbeck, un écrivain majeur et un homme d'honneur et de noblesse
En un combat douteux : un livre à lire pour qui souhaite parler du monde du travail ou le connaitre en ayant quelques données de base indiscutables.

Attentif - - 92 ans - 17 novembre 2006


Bravo Steinbeck ! 9 étoiles

Le portrait de la classe ouvrière de l'époque est fascinant. Au cours du roman, les évènements s'enchaînent bien et il est impossible de vouloir s'arrêter de lire. Les personnages principaux, Mac et Jim, ont des personnalités très intéressantes. J'ai trouvé la fin un peu décevante, mais l'ensemble du livre m'a laissé amplement satisfait. Bravo Steinbeck !

Kod - Québec - 37 ans - 7 juillet 2006


Un livre surprenant... 10 étoiles

J'ai commencé à lire cette oeuvre sans en avoir lu l'auteur et je ne l'ai reposée qu'une fois le livre terminé en me demandant comment j'avais pu passer à côté. Ce roman m'a passionnée, l'écriture est fluide et l'histoire est captivante. Steinbeck nous donne une autre vision des actions du parti communiste dans une Amérique des années 30. Un parcours initiatique d'un nouvel adhérent, Jim, qui pourrait nous ressembler et qui nous emmène dans un univers de grève et de manipulation politique. Pour moi, un chef-d'oeuvre (et le mot n'est pas usurpé) à lire et à méditer.

Alice3 - Nîmes - 36 ans - 11 avril 2005


A l'époque... 8 étoiles

Steinbeck est un des rares auteurs américains à s'être occupé de socialisme en tant que réelle possibilité pour les masses, même si bien d'autres auteurs ont décrit la condition plus que difficile de différentes couches de la société. Caldwell pour les paysans, Dos Passos pour les laissés pour compte des villes etc. A l'époque, les grands auteurs ne pensaient pas particulièrement "politique" et surtout pas communisme, socialisme ou anarchie. La grande masse du peuple était, et est toujours,contre ces idées. Elle était surtout composées d'immigrants qui gardaient en tête un fond du rêve américain: la chance pour tous de devenir un jour riche ! Le mental de la plupart des immigrés ou descendants d'immigrés reste profondément individualiste. A l'époque de Mac Carthy les masses soutenaient ses idées et la grande majorité des gens qui se sont trouvés accusés et rejetés faisaient partie des "élites". Même si, aujourd'hui, une certaine opposition flagelle l'hypocrisie du "rêve américain", les défauts de cette société très dure, ses nombreuses tares, elle reste très minoritaire, intellectuelle, et propre aux très grandes villes. L'Américain du Middle West reste des plus attachés à ses rêves, ses traditions, son anticommunisme, son idée que c'est le système capitaliste américain qui, envers et contre tout, reste le meilleur. Ce ne sont pas des Philip Roth, des Harrison, des Auster, des Egolf, des Collins, des Treuer ou des McCann qui y changeront grand chose: leurs taux d'audience restent des plus marginaux. D'ailleurs, s'ils critiquent beaucoup, ils ne peuvent en aucun cas être classés comme des auteurs "politiques" au même titre que des Sartre, Camus, Malraux et autres.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 3 octobre 2002