Balade en train assis sur les genoux du dictateur
de Stéphane Achille

critiqué par Libris québécis, le 21 avril 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Coucher avec un dictateur
On a sûrement soumis des textes navrants au jury pour qu'il accorde le Prix Robert-Cliche 2007 à Stéphane Achille. A priori, l'originalité du sujet s'annonçait prometteuse. L'auteur voulait établir un parallèle entre l'échec d'un musicien français ruiné après avoir produit un CD invendable et d'un dictateur sud-américain incapable de mener sa révolution à terme après avoir été débouté par les bailleurs de fonds.

Ces deux échecs sont analogues sur l'échelle des rêves avortés. La réussite d'une mise en marché dépend de facteurs aussi capricieux que l'exercice du pouvoir. S'étant rencontrés dans un hôtel de New York, les protagonistes en sont venus à soupeser les causes de leur déconvenue en voyageant ensemble à bord d'un train qui ramène l'homme d'État dans son pays. Comment réagiront-ils à leur insuccès ?

Malheureusement, la trame n'est pas crédible. Il est fort improbable qu'un potentat invite un inconnu à l'accompagner. L'onirisme pourrait toujours expliquer qu'un trentenaire s'assoit sur les genoux d'un dictateur ou qu'il couche avec lui en position de cuillère pour recevoir les doléances de ses insuccès. Mais la facture ne permet pas de croire qu'il puisse s'agir d'un rêve transposé en forme de fable sur l'échec. Ce roman est fort décevant, d'autant plus que l'écriture ne parvient pas à nous faire croire à la nationalité française du musicien.