Flamarens
de Pierre Benoit

critiqué par Shelton, le 19 avril 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un roman original... pour Pierre Benoît !
Nous sommes-là en présence d’un des derniers romans de Pierre Benoît puisqu’il a été publié en 1959. Ce texte ne sera suivi seulement que par deux publications du vivant de l’auteur. C’est un romancier fatigué et lassé par ce que l’on appelle l’affaire Paul Morand, un ami fidèle qu’il voulait voir élu à l’Académie Française et qui ne pourra pas être « immortel ». C’est aussi un Pierre Benoît bouleversé par la mort annoncée et irrémédiable de sa chère Marcelle de plus en plus affaiblie par la maladie qui tente de se réfugier dans la littérature pour oublier un instant encore ce drame, le drame de sa vie. Marcelle va s’éteindre en mai 1960 et sa vie se termine dans une sorte d’attente de la mort qui surviendra en 1962.

Mais si le contexte de ce roman est sombre, le texte lui, ne l’est pas tant que cela. Le cadre géographique sera pour une grande part le Japon, à la fin du XIXème siècle. Je ne sais pas pourquoi il a choisi ce pays et cette époque, mais je pense qu’il pourrait bien y avoir une explication simple. Le Japon qu’il décrit est en pleine mutation entre un ancien régime qui survit avec des valeurs d’amitié, de fidélité, de respect total de la parole donnée, et un nouveau système que l’on voit avec le commerce, le business et l’argent qui est prêt à couler à flot sur des gens pas toujours très honnêtes… Or, Pierre Benoît est en train de voir que l’amitié n’est plus une valeur en vogue dans son pays, que la fidélité et la parole donnée ne sont plus des piliers solides de la société française… tout fout le camp pourrait-il s’exclamer de façon triviale, comme au Japon au siècle dernier. Peut-être a-t-il même envisagé d’en finir avec cette vie au moment où Marcelle le quitterait…

Mais, revenons-en au roman à proprement parler. Le marquis de Flamarens va apprendre, de façon inattendue que son neveu qui est mort au Japon et qu’il n’aimait pas, lui laisse un héritage substantiel. Le marquis est plutôt pauvre et il pourrait se contenter d’encaisser l’héritage… Mais le marquis apprend que son neveu a été assassiné. Cette mort mérite vengeance, c’est le moins que l’on puisse penser puis faire quand on est marquis. Non ? A chacun de voir, mais, lui, accompagné de son serviteur Savinien, part immédiatement en direction du Japon à une période où les avions rapides n’existaient pas…

Mais dès que vous embarquerez dans ce bâtiment, le Calédonien, vous ne pourrez plus revenir en arrière. Vous serez pris au piège ! Alors, prêt à courir le risque ? Le risque de l’assassinat, de la trahison, de l’embuscade tendue par des Samouraïs cruels et armés, de ne jamais connaître le bonheur et le happy end rose et tendre… Souhaitez-vous, réellement, lire ce roman ?

Moi, je crois qu’il faut oser le lire mais surtout sans avoir en tête tous les textes précédents de Pierre Benoît. Nous sommes ici dans un texte atypique avec, par exemple, le héros, le marquis, qui se transforme en combattant entouré de féroces soldats japonais et qui va se faire transpercer… Non, je ne vous en dis pas plus, mais soyez prudent, ce Japon est dangereux, cette histoire surprenante.

Oui, c’est vrai, j’ai oublié de vous parler de la femme… Oui, cette fameuse héroïne avec un prénom qui commence par un A ! Elle est bien là, rassurez-vous et elle est japonaise, elle-aussi. Son prénom ? Atsouko ! Tout simplement. Une femme qui va connaître une aventure hors normes ! Lisez et vous saurez !

Un roman inclassable que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire, qui n’est pas, à mon avis, à la hauteur des meilleurs textes de Pierre Benoît. Mais je connais les fans, ils n’hésiteront pas à partir à l’assaut de la forteresse-monastère où est …