Le dépaysement : Voyages en France
de Jean-Christophe Bailly

critiqué par CC.RIDER, le 19 avril 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un bouquin qui ne donne pas envie
« Le dépaysement », sous-titré « Voyages en France », n'est en aucun cas un guide touristique ni même le récit du périple personnel d'un voyageur attaché à rencontrer lieux, monuments et habitants. Reste à définir ce qu'il est et là ce n'est pas si facile. L'auteur lui-même, semble ne pas trop savoir où il voulait en venir. Les lieux choisis arbitrairement sont pour la plupart improbables et assez peu « touristiques » : Culoz, Varennes, Barr, Salins, Font de Gaume ou Origny Saint Benoît. Mais pas uniquement, car l'auteur s'intéresse également à des sites classés et reconnus comme Fontainebleau, le Pont du Gard ou des villes aussi importantes que Bordeaux, Toulouse, Nîmes ou Paris. Mais s'il s'intéresse à ces lieux, c'est toujours pour les présenter par leurs côtés les plus insolites ou les plus improbables : une fabrique de filets et de pièges à Bordeaux, une passe à poisson à Toulouse, la cité universitaire de Paris, les jardins ouvriers de Saint-Etienne ou le familistère de Guise (un des chapitres les plus intéressants d'ailleurs). L'ennui c'est que l'ensemble donne une impression de complet fouillis. Un micro-évènement historique succède à une description géographique, à des considérations sur les Eduens, à une méditation sur la poésie de Rimbaud ou à une analyse des paysages peints par Courbet.
On ne contestera ni l'érudition ni le travail de recherche de l'auteur, respectable universitaire, mais on lui reprochera un style qui se veut élégant, précieux et ciselé et qui n'est malheureusement que pédant, tarabiscoté et amphigourique au point qu'il faille relire souvent deux fois certaines phrases pour vaguement comprendre la pensée de l'écrivain. « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément » ! Et là ce n'est pas le cas, d'où une impression d'ennui qui saisit très vite le lecteur. Et comme si cela ne suffisait pas, le texte est truffé de mots anglais non traduits (downtown, skyline, nextdoor et j'en passe) et de toutes sortes de vocables pompeux ou sophistiqués (certains sont d'ailleurs des néologismes particulièrement barbares) comme individuation, photonique, obituaire, délinéation, serlienne, prépanoptique, figural, muséal ou véridicité. Un jargon universitaire qui est loin d'être un plus. Ah ! Avec Bailly, comme on est loin des récits de voyage des grands de la littérature (Stendhal, Stevenson, Chateaubriand ou Nerval) et comme ce monsieur nous les fait regretter ! Un livre à éviter ne serait-ce que parce qu'il ne donne à personne l'envie de visiter notre beau pays.
Qu’est-ce que la France ? 8 étoiles

A la fois récit de voyage et essai, cet ouvrage tente de cerner, par l’analyse des paysages et de ce qui y fait signe, ce qui constituerait, en l’an 2000, l’identité de la France. Qu’y aurait-il commun entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, les terre centrales et le littoral, les montagnes et les plaines, etc., et qui ferait qu’on y serait, partout, malgré les fortes dissemblances entre ces parties de l’espace, en France. Et comment y agissent les empreintes et les strates successives laissées par l’histoire, de la plus lointaine à la plus récente ? Par sa démarche, l’auteur s’inscrit dans la lignée d’écrivains voyageurs tels que Jean Rolin, mais pratique aussi une sémiologie poétique et un peu ironique telle que Roland Barthes la porta au sommet (cf. ses "Mythologies" ; chez Bailly : les plaques de signalisation, les marques d’apéritifs, entre autres). Si l’auteur, il est vrai, se regarde parfois écrire, ce n’est jamais ni ennuyeux ni pédant, la multiplicité des sujets abordés et des points de vue relançant constamment l’intérêt de ce livre.

Eric B. - Bruxelles - 57 ans - 5 janvier 2013


livre prétentieux 2 étoiles

salué par toute la presse bien pensante (Télérama, Nouvel Obs et cie) "Le dépaysement" de J-C Bailly est un livre intellectualisant, soi-disant poétique, mais très surchargé, très alambiqué, et sans réelle découverte ou originalité, au contraire, sous son fatras conceptualisant Bailly ne nous apprend pas grand chose sur la France, et son livre respire même une certaine tristesse, résultat de la condescendance et de la gêne de l'intellectuel aux mains blanches à l'égard des populations croisées dans ce livre (musulmans barbus, vieilles personnes à leurs fenêtres)- bien sûr, c'est un livre de gauche, et salué pour cette raison par les journaux cités ci-dessus, Bailly abandonne même un peu son intellectualisme universitaire pour écrire tout bêtement, comme un ado de terminale, que Sarkozy est inculte et agité !

Bonaparte - - 57 ans - 13 novembre 2012