La chute de Sparte
de Biz

critiqué par Exarkun1979, le 16 avril 2012
(Montréal - 45 ans)


La note:  étoiles
La chute de Sparte
Ce roman de Biz traite de la vie des adolescents durant leur secondaire. Le narrateur se nomme Steeve et il étudie à la polyvalente Gaston-Miron et est en secondaire V. Il raconte le train-train quotidien des adolescents de l'école qui est chamboulée à la mi-année par la mort de Mathieu St-Amour, le populaire quart-arrière de l'équipe de football de l'école.

Ce livre m'a rappelé comme il est parfois difficile de passer au travers de cette période de la vie. Nous ne sommes plus des enfants mais nous ne sommes pas non plus encore des adultes. Il y a aussi le fait que la période du seconde est une vrai jungle où les plus fort règnent en rois et intimident les plus faibles sans intervention d'adultes car ceux-ci croient souvent que c'est une situation normale..

L'auteur saisit bien le mode de pensée des adolescents. Quand j'étais ado, je ne pensais pas comme aujourd'hui. Le seul problème du livre est lorsque Biz apporte son opinion ce qui touche le Québec. Il quitte trop son personnage d'adolescent et laisse parler l'adulte qu'il est. Ce n'est pas l'opinion qui est en cause mais plutôt la brisure au point de vue de la narration.

Je recommanderais ce roman à tous les adolescents et surtout à leurs parents car je crois que ça pourrait les aider à mieux les comprendre et à se souvenir comment ils étaient eux-mêmes lorsqu'ils étaient jeunes.
Nos valeureux soldats du monde scolaire 8 étoiles

La cité grecque de Sparte connut avant l’ère chrétienne une apothéose qui lui a permis de régner fort longtemps. Mais les héros ont des pieds d’argile. Il en faut peu pour tomber au combat. Sébastien Fréchette, alias Bizz, tente de le prouver en transposant la thématique dans l’école secondaire fictive Gaston-Miron.

Les soldats spartiates prennent le visage des élèves qui composent l’équipe de football de l’école. Leur quart-arrière est la vedette sur lequel est polarisé l’honneur de l’institution où Il est la coqueluche. Autour de lui se trament tous les conflits vécus dans les milieux scolaires, comme l’intimidation envers ceux qui sont privés d’un corps de culturiste pour faire partie de l’équipe. Et malheur à ceux qui souffrent d’acné ou que la nature n’a pas gratifié de traits faciaux agréables.

Que reste-t-il à faire quand on est classé d’office dans le clan peu enviable des rejetés-pour-compte? Steeve Simard avec deux E se rabat sur la musique et la lecture, en l’occurrence L’Homme rapaillé de Gaston Miron dont le nom est d’ailleurs celui de l’école. Il trouve son refuge dans l'isolement. Il vit en marge de ses parents dont le conformisme le désabuse. Ce sont des banlieusards satisfaits d’eux-mêmes et indifférents aux autres, y compris leur propre fils qui marche à côté d’une vie peu souhaitable, selon eux. C’est le propre de l’adolescence d’entrer en rébellion contre la société et sa famille en particulier. Son attitude lui vaut d’ailleurs le surnom de baboune de la part de sa mère. L’empathie l’a désertée depuis son ascension sociale.

Avec ce roman, on vit intensément l’âge ingrat comme on disait jadis. On croirait heureux ces jeunes en mal de vivre. C’est une passade, entend-on souvent, mais Alexandre Taillefer, un homme d’affaires prospère du Québec, a appris à ses dépens que ce n’est pas le cas avec le suicide inattendu de son fils. Et la situation s’envenime d’autant plus que plusieurs se sentent coupables de ce qui arrive, surtout devant la mort prématurée de compagnons d’études. Les adolescents peuvent-ils se sortir de cette ornière où ils s’enlisent inexorablement ? L’auteure laisse deviner une lumière au bout du tunnel. Et la solution semble parentale.

Cette œuvre inspirée de l’Histoire de Sparte illustre très bien les maillons faibles qui fragilisent les vaillants soldats du monde scolaire, où la force des uns n’est qu’apparence. Rejet, culpabilité, esbrouffe et violence composent le menu quotidien des établissements scolaires. Il n’y a pas de quoi combler la faim du savoir. Biz sait l’écrire de façon convaincante.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 17 juillet 2018