Singeries
de Denis Petit (Scénario), Humphrey Vidal (Dessin)

critiqué par Pucksimberg, le 9 avril 2012
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
"Qui est prêt à accepter cette idée que nous sommes des singes ?"
Un nouvel homme est né : l'Homo Litteratus. En effet, le personnage principal souhaite se suicider en ingurgitant des livres. Il n'obtient pas l'effet voulu et mute en une créature mi-singe, mi-homme : Franky Stein. Ce nouvel être fascine tout le monde, interroge par sa différence et se voit parfois méprisé par sa proximité physique avec le singe. Tout serait supportable si la science et la religion ne venaient s'en mêler ! Les scientifiques meurent d'envie d'étudier cet être tout en ayant conscience de la valeur financière qu'il a, l'église craint que cet homme ne soit rattaché aux thèses de Darwin. De ces craintes, naît une animosité à l'encontre de Franky, créature en marge dont la parole devient fortement gênante. Il faut donc le capturer, le faire disparaître, le diaboliser. Franky se voit pourchassé dans toute cette BD, lui qui n'est plus un homme, ni tout à fait animal. Quelle est désormais sa place ?

Cette bande dessinée est originale par son sujet, intelligente par ses références littéraires qui font de ce personnage un être cultivé et philosophe, belle par des dessins harmonieux et un jeu habile avec les couleurs. De plus, le lecteur se sent souvent sollicité par les diverses références culturelles. Par exemple, le dessinateur fait un clin d'oeil à Munch aux pages 15 et 17, ce qui ne peut que stimuler l'imaginaire du lecteur.

La frontière entre l'homme et l'animal est ténue et cette bande dessinée offre une belle réflexion sur ce sujet. La force de cette BD est d'allier aussi l'humour au texte, tout en jouant avec les mots.

Une oeuvre hybride pour un être hors-norme.