Le tueur, tome 10 : Le coeur à l'ouvrage
de Matz (Scénario), Luc Jacamon (Dessin)

critiqué par Dirlandaise, le 7 avril 2012
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Savoir aller au bout de ses rêves
J’attends toujours avec impatience la suite des aventures de mon personnage de bd favori, nul autre que Christian alias le tueur. Dans le dernier épisode, les lecteurs avaient pris connaissance des nouvelles activités du tueur et de son fidèle ami Mariano. En fait, ils ont formé un trio avec le redoutable et rusé Haywood et sont devenus des hommes d’affaires ambitieux en investissant dans une compagnie pétrolière cubaine. Mais les USA ne voient pas d’un bon œil ce forage et accusent la compagnie de leur voler le pétrole qui leur revient de droit. Les trois hommes doivent donc se battre afin de faire respecter leur territoire de forage. Mais toujours ils resteront dans l’ombre sans se faire connaître. Pourtant, ils constatent que leur identité est connue car des hommes inquiétants les ont pris en filature lors de leur séjour à Paris. Le tueur doit donc renouer avec son ancien métier et il le fait avec brio et son sang-froid habituel. Mais il continue de rêver à une vie meilleure en compagnie de sa femme et de son fils et cette vie rêvée ne se trouve pas à la ville mais au contraire, il est persuadé de plus en plus que c’est en s’éloignant des hommes et de leurs vilaines passions qu’il trouvera la paix. La jungle lui ouvre tout grand les bras.

Excellent tome mettant fin au deuxième cycle de cette série culte. Somptueux album nous offrant de beaux paysages urbains au soleil couchant et des gros plans percutants. L’action se situe à Miami, La Havane et Paris. Les dessins de Luc Jacamon sont toujours aussi magnifiques et le scénario de Matz captivant. J’ai bien aimé la complicité dont font preuve les trois hommes, trois amis, trois frères unis dans leur lutte afin d’accéder à la richesse tant convoitée et au pouvoir que celle-ci leur apportera. Mais cette quête n’empêche pas notre tueur de philosopher et de renouer avec ses réflexions profondes sur le monde qui l’entoure. Lui et Mariano sont de plus en plus proches et se connaissent à fond. Nul besoin de parler pour savoir ce que l’autre pense et lorsque Christian fait une rencontre inattendue à Paris et doit mentir sur son identité, le regard que pose sur lui Mariano est tout à fait révélateur de ce qu’il éprouve à l’égard de son ami de toujours.

La fin est agréable et laisse entendre ce que sera la vie future de cet homme qui jamais ne s’est résigné à travailler dans un bureau mais au contraire, a su suivre sa voie afin de réaliser ses rêves, quoiqu’il lui en coûte. Beau…

« La compagnie pétrolière Exxon Mobil est plus riche que le Pakistan ou le Pérou. Son chiffre d’affaire équivaut au budget de tous les pays d’Afrique réunis. Mercedes-Benz est plus riche que le Nigéria tout entier, qui appartient pourtant à l’O.P.E.P., ou que plusieurs pays d’Afrique réunis. Pourtant, l’Afrique détient d’énormes ressources naturelles de toutes sortes, pétrole, or, diamants, café, etc. de quoi être riche, ou en tout cas moins pauvres qu’ils ne le sont. (…) Parmi les 100 sociétés les plus riches du monde, 16 sont dans le pétrole, 13 sont des banques et 13 des compagnies d’assurance. 51 sont européennes, 31 étasuniennes et 15 asiatiques, ce qui fait 97. Ça donne une idée assez précise du monde dans lequel nous vivons… »