Les fantômes du Delta
de Aurélien Molas

critiqué par Poignant, le 5 avril 2012
(Poitiers - 58 ans)


La note:  étoiles
Dans l'Afrique Misérable et violente
Nigéria, delta du Niger, région de marais souillée par les abus de l'exploitation pétrolière. Une mère déboule dans un orphelinat religieux pour abandonner son bébé, une petite fille, Naïs.
Quelques années plus tard, l'orphelinat désormais contrôlé par l'état nigérian, est attaqué par des rebelles. Naïs est enlevée, ainsi que deux toubibs de Médecins sans frontières. Il apparait rapidement que la fillette était la cible de l'attaque...

« Les fantômes du delta » est le second roman d'Aurélien Molas, jeune et prometteur auteur français. L'histoire de ce thriller nous entraine à travers l'Afrique subsaharienne, là où la misère côtoie la corruption, les missions humanitaires, les idéaux dévoyés, la famine et l'ultra violence.
Dans ce contexte exotique et déprimant, l'histoire se décline en courts chapitres, ce qui crée de l'intensité, du rythme, et vous tient en haleine. Cependant, à mon goût, l'écriture est encore immature, et manque de puissance. Les personnages et les situations sont intéressants, mais pas assez aboutis.
Bref, cela fait bien longtemps que je n'avais pas lu un auteur français. Cette première rencontre avec Aurélien Molas me laisse un goût d'inachevé. Mais elle a été un bon moment de lecture et reste encourageante pour l'avenir.
Déçu 5 étoiles

Autant "La Onzième Plaie", malgré des éléments un peu bof (chapitres trop courts, parfois on sentait que c'était un peu trop expédié, et roman trop court aussi - 400 pages -, ça allait vraiment trop vite en besogne, quoi), m'avait bien plu, et était marquant de part son sujet (la pédocriminalité et la lutte contre les pédophiles ; rare qu'un roman policier, surtout français, en parle, et avec autant de détails glauques), autant "Les Fantômes Du Delta", deuxième et pour le moment dernier roman d'Aurélien Molas, m'a déçu. Pour le coup, le roman est épais, 500 pages, mais j'aurais préféré le nombre de pages de l'autre roman. Là aussi, chapitres très courts (regroupés en parties parfois très courtes, la plus courte fait deux pages : l'intérêt ?). Là aussi, ça va donc très vite.
Mais hélas, un page-turner, un bon je veux dire, ce n'est pas que ça. On passe tellement rapidement entre les personnages, les lieux (tout se passe au Nigeria, sauf deux-trois passages en France), les faits, qu'à un moment donné, on se paume, et de plus, l'intrigue n'est pas des plus folichonnes (des médecins de MSF tentent tout pour sauver la vie d'une gamine nigériane que tout le monde - rebelles, armée régulière... - tente de kidnapper et/ou de tuer, pourquoi, on mettra un sacré bout de temps à le savoir, trop de temps...).
Je me suis, autant le dire, fait ch... à lire ce roman que, pourtant, j'avais attendu avec impatience, "La Onzième Plaie" m'avait tellement plu que je me disais 'vivement le prochain de Molas, s'il en fait un, car je sens que cet auteur va être bien'. Mais non, coup d'épée dans l'eau avec ce deuxième roman.
Enfin, ça vous plaira peut-être, car après tout, c'est original, un thriller (qui n'en est pas vraiment un) en plein cauchemar nigérian (guerre civile), mais perso, je trouve le résultat bancal.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 26 juillet 2015


Un aller simple au Nigeria 8 étoiles

Les fantômes du delta est un livre intéressant, bien écrit, bien documenté. A partir de faits historiques, Aurélien Molas brode une histoire d’enlèvements liés à une enfant qui aurait une maladie rare et dont la vie serait monnayable. Les enjeux de chacun des partis (le gouvernement nigérian, la police, le MEND, les « chasseurs de prime », les intérêts financiers des pays, etc…) sont bien décrits, l’auteur adoptant tour à tour les différents points de vue. On prend conscience de l’existence au Nigeria de la malnutrition, la pollution, la non redistribution de l’argent lié à la production de pétrole aux habitants, des attentats et de la violence que tout cela engendre. Aurélien Molas nous fait part, sans jugement, de la corruption, l’argent sale, la drogue, la prostitution, la misère, les guerres inter ethnies et entre chrétiens et musulmans qui sévissent dans ce pays. J’ai également apprécié le parti pris de l’auteur de ne pas transformer les meneurs du MEND en « héros romantiques », en les présentant comme des hommes dignes qui assument leurs choix, mais qui n’hésitent pas à troquer la vie d’une enfant ou à éliminer ceux qui se trouvent sur le chemin pour financer leur « révolution ». J’ai également trouvé pertinentes les petites citations mises en avant entre chaque partie, qui donnent un éclairage intéressant au déroulement de l’histoire qui suit. Je me suis sentie complètement dépaysée, et ai appris des choses sur l’histoire et la situation du Niger.
On peut peut-être reprocher à l’auteur un découpage du livre pas toujours à propos en chapitres très courts (bien que cela facilite la lecture dans les transports en commun), et une histoire pas toujours ou totalement vraisemblable (j’ai eu du mal à « accrocher » à certains personnages), mais globalement, j’ai été vite prise par l’histoire. Un bon moment de lecture.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 21 novembre 2012