Robert Bourassa
de Georges-Hébert Germain

critiqué par Dirlandaise, le 5 avril 2012
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Le Québec avant tout
Robert Bourassa, avocat et économiste, a exercé la fonction de premier ministre du Québec sous la bannière du Parti libéral de 1970 à 1976 et de 1985 à 1994, année où, atteint d’un cancer malin de la peau, il a dû démissionner de ses fonctions. La carrière de monsieur Bourassa s’échelonne donc sur plusieurs années où il a fait face à bien des crises et des événements dramatiques qui ont secoué le Québec : la crise d’Octobre, la saga de la Baie-James, le rapatriement de la Constitution, divers affrontements avec les trois centrales syndicales FTQ (Fédération des travailleurs du Québec dirigée par Louis Laberge), CSN (Confédération des syndicats nationaux dirigée par Marcel Pépin) et CEQ (Centrale des enseignants du Québec dirigée par Fernand Daoust), le projet de Loi 22 qui a soulevé la colère des anglophones, le désastre de l’accord du lac Meech, la loi 178 sur la langue d’affichage, la crise d’Oka, l'échec de l’entente de Charlottetown entre autres.

Le livre retrace comme toute bonne biographie le parcours de cet homme à la personnalité complexe et louvoyante qu’était Robert Bourassa. Très jeune, il savait déjà ce qu’il voulait faire dans sa vie : devenir premier ministre du Québec, rien de moins. Il a poursuivi ce but sans relâche et avec une grande détermination. Car monsieur Bourassa était habité par la passion du Québec comme beaucoup d’entre nous qui ont eu la chance de naître dans ce beau pays. Après des études à Brébeuf, il fait son droit et épouse Andrée Simard, la fille d’un des plus riches hommes d’affaires québécois, patron de Marine Industries. Il obtient une bourse pour étudier à Oxford puis à Harvard en économie politique. Il devient à trente-six ans, le plus jeune premier ministre de l’histoire du Québec. Tout en se battant pour que le Québec obtienne plus de pouvoir, il n’a jamais fait le saut dans le camp souverainiste. Pourtant, il en était bien proche idéologiquement mais des considérations économiques l’ont rapidement convaincu de l’utopie de ce projet. Mais, il s’est donné corps et âme pour le Québec, son pays qu’il aimait plus que tout au monde.

Georges-Hébert Germain signe ici une très belle biographie d’un homme politique important dans l’histoire du Québec car Robert Bourassa est l’instigateur de lois protégeant la langue française, se mettant ainsi à dos le reste du Canada. Il mérite toute mon admiration pour cela. Il a aussi refusé d’entériner l’accord du Lac Meech au grand dam de Pierre Elliott Trudeau qui lui en a voulu pour le reste de ses jours allant jusqu’à user d’insultes à son égard. Monsieur Germain a bien raconté la vie de ce politicien, sachant établir un bel équilibre entre vie privée et publique. Il a su rendre le personnage extrêmement attachant (trop peut-être…) et presque nous le faire aimer.

J’ai beaucoup appris au cours de cette lecture mais le livre n’entre jamais dans les détails fastidieux, il survole les événements ce qui rend la lecture aisée et fort agréable. Ce n’est pas cependant un livre porteur d’une grande analyse politique et sociale mais il renseigne le lecteur avec justesse et clarté sur l’histoire du Québec et les enjeux avec lesquels monsieur Bourassa a dû composer. La personnalité de l’homme est mise de l’avant par le biais d’anecdotes sur son quotidien et ses petites manies de même que son idéologie politique. Pour cela, le livre est remarquable et d’un grand intérêt. Il constitue une bonne approche pour qui veut approfondir cette époque et l’homme qui dirigeait alors notre beau et grand pays. Il est passionnant et sa lecture est captivante. Une note parfaite rien de moins car le livre atteint son but : nous faire mieux connaître l’homme qu’était Robert Bourassa, sa grande intelligence, sa ténacité, sa ruse et son grand sens de la stratégie politique.

Je regrette seulement que ce premier ministre n’ait pas fait l’indépendance car il en avait le pouvoir mais il a toujours refusé de la faire, condamnant le Québec à subir encore et toujours le joug du Canada, cet éternel oppresseur.

« Le Canada anglais doit comprendre d’une façon claire que, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, le Québec est aujourd’hui et pour toujours une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement. » Robert Bourassa