Un siècle d'images soviétiques : Archives de l'agence Itar-Tass
de Peter Radetsky, Sam Radetsky

critiqué par Patman, le 4 avril 2012
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
Get back in USSR...
« Un siècle d'images soviétiques »… Titre un peu racoleur puisqu’historiquement parlant, la Russie ne fut pas soviétique pendant cent ans mais seulement de 1917 à 1991 soit un peu plus de 70 ans. Peter Radetsky (je vous jure que c’est pas une blague) est américain. Ecrivain et journaliste, il a été un des tous premiers occidentaux à pouvoir accéder aux archives de l’Agence Itar-Tass en 2005. L’agence venait de fêter ses 100 ans. Créée en 1904 à l’initiative de Nicolas II, l’agence ATSP (agence télégraphique de St Petersbourg) était censée rivaliser avec les grandes agences de presse existant alors : Associated Press (1848) , Reuters (1851) ou Havas (1852). Rebaptisée TASS après la révolution d’octobre, l’agence allait fournir des photos au monde entier, bénéficiant en outre du monopole des images d’URSS puisqu’étant les seuls à pouvoir couvrir les événements locaux ! L’agence Tass devint ainsi un magnifique outil de propagande pour le régime. Après la dissolution de l’URSS en 1992, Tass devint Itar-Tass, nom que l’agence porte toujours aujourd’hui.
Superbe livre donc, si vous aimez l’Histoire de ce grand pays. L’ouvrage se découpe en huit grandes périodes allant du règne de Nicolas II jusqu’à l’ère Poutine. Toutes les grandes figures politiques et culturelles (ou presque) y figurent dont pas mal d’écrivains ce qui sur CL devrait être ce qui nous intéresse avant tout n’est ce pas ? Vous y verrez donc des portraits de Boulgakov, Akhmatova, Maïakovski, Cholokov, Pasternak, et j’en passe…
Les grands événements politiques également figurent en bonne place, même si l’on peut s’étonner de l’absence totale de photos de certains d’entre eux et de leur évocation très brève dans la partie textuelle du livre : rien sur le Pacte Germano-Soviétique et l’invasion de la Pologne en 39, pas une vue du Printemps de Prague, pas un mot de l’Afghanistan et des Jeux de Moscou 1980. Cependant cela n’empêche pas le bouquin de regorger de magnifiques photos dont certaines sans concessions pour le régime. On imagine que certaines ont dû rester cachées dans des tiroirs à double fond ou des armoires oubliées (Soljenitsyne jeune photographié au goulag). Certains documents sont extrêmement rares et c’est donc un plaisir de les découvrir.
La dernière partie nous est plus familière maintenant que les frontières se sont ouvertes. Quelques documents chocs sur la Tchétchénie et ses massacres, les attentats au Théâtre de Moscou ou à Beslan, le coup d’Etat manqué qui a mis Eltsine au pouvoir…
Beau livre pour les curieux et les amateurs d’Histoire.