Piazza d'Italia : Conte populaire en trois temps, un épilogue et un appendice
de Antonio Tabucchi

critiqué par Frunny, le 29 mars 2012
(PARIS - 58 ans)


La note:  étoiles
Des Chemises rouges aux Chemises noires !
Tout d'abord , je souhaite remercier vivement Jlc grâce à qui je viens de découvrir un auteur majeur. Il a fallu qu'il meure pour que je puisse apprécier ce talent.

Avec " Piazza d'Italia " Antonio Tabucchi réussit un incroyable tout de force ; celui de brosser l'Histoire de l'Italie moderne, du Garibaldisme ( Les Chemises rouges ) à l'après-guerre, en quelques 200 pages.
Un ouvrage en 3 parties au cours duquel nous suivons 3 générations d'une famille toscane humble dans le village de Borgo .
" Etre pauvre à Borgo voulait dire qu'on coupait des roseaux dans les marais."
Chacun des personnages est singulier (des anarchistes en puissance ou collabo de l'ombre...)
Les colonies africaines (Libye) ,l'immigration en Amérique (les chemins de fer de l'Ouest) , l'Eglise , les communistes , les fascistes.... autant d'évènements abordés avec tact.
La statue qu'on installe sur la place du village et qu'on déboulonne au fil de l'Histoire pour la remplacer par celle du "Maître" du moment.
Mais - avant tout- un style exceptionnel , où se mêlent poésie et fantastique .
Quand le poids de l'Histoire est trop lourd et que la défaite ne peut être dite..... les paysages et les objets parlent :
" Les maisons , avec leurs orbites vides , disaient la reddition "
" Un vol de fenêtres pour fuir les temps troubles qui s'en viennent; des fenêtres qui ne veulent pas voir "
" Melchiorre était devenu fasciste , non tant parce que les bolcheviks étaient athées et voulaient détruire la propriété , que pour se faire des camarades " .

L'Histoire de l'Italie moderne en filigrane pour accompagner ces personnages croustillants.
Une oeuvre admirable !