critiqué par Sissi, le 25 mars 2012
(Besançon - 54 ans)

La note: étoiles

"Au delà du verbe"

Ce qui m'a dérangée, ce sont les refrains, ces petites ritournelles qui sont revenues un peu trop systématiquement à mon goût et qui, au lieu d'apporter de la musicalité aux textes, ont plutôt contribué à les alourdir.

Composé de petits poèmes très courts, ou de récits minimalistes, ce petit recueil (édité avec l'aide du Conseil Régional de Franche-Comté) qui se veut mesuré, discret et intimiste "N'oublie pas le vertige du silence [...], chante sotto voce" , ne laisse pourtant pas planer suffisamment de mystère derrière (ou "sous") les mots qui ont pour mission d'évoquer.

Mais j'ai apprécié l'omniprésence de la musique et de la peinture, ainsi que les belles huiles sur toile (de Kaki), aux teintes pastel, qui illustrent le recueil et ont été source d'inspiration pour son auteure.

Mon préféré:

Harmonies

Au fil du pinceau,
Ta musique espace
La coeur atonal;
Au gré des couleurs,
Le temps velouté
S'étire tonique;
Au rythme fertile,
Ton art érotise
Le trait dissonant."

(Souvenirs d'exposition: Paul Klee et la musique, Paris 1985)

Evasion

Liliane, je l’ai connue quand nous étions sur les bancs de la faculté, pas dans la même section mais parfois dans les mêmes bordées, elle manifestait déjà cette grande sensibilité artistique qu’elle montre à travers ces poèmes qu’elle a écrits quand la maturité est définitivement venue, que la fougue de la jeunesse s’est apaisée, que nous nous sommes perdus de vue.

Oh libérons
Nos arches et nos ïambes
Et franchissons ensemble
Le seuil du non-retour !

Mais demain ? – Ensemble demain
Nous cueillerons la neige pieuse
Et l’éclat de l’espoir diapré !

Mais même si le souffle des ans a adouci les tensions juvéniles, ces vers masquent mal les angoisses larvées qui restent au cœur de la poétesse qui cherche à travers ses rimes une évasion dans la fraîcheur bucolique d’un jardin, l’ailleurs d’un voyage, l’éternité de l’antiquité.

Des vers pour partir ailleurs.
Des vers pour oublier un présent trop pesant.
Des vers pour espérer un demain qui chante.
Des vers pour aimer encore.

Débézed - Besançon - 77 ans - 14 juin 2012