Oeuvres, tome 2 : Romans maritimes et exotiques
de Jack London

critiqué par Heyrike, le 24 septembre 2002
(Eure - 57 ans)


La note:  étoiles
Le loup et les agneaux
Le héros Hump est un critique littéraire qui à la suite d'un accident de bateau, dans la baie de San Francisco, se retrouve repêcher par l'équipage du capitaine Loup Larsen, sa demande d'être débarqué à terre est rejetée par le capitaine qui à partir de ce moment le considère comme un simple matelot.
Jack London nous invite à vivre une histoire où s'affrontent la Force et L'Intelligence, d'ailleurs il sera très surpris lorsqu'il apprendra que son roman est considéré comme un récit d'aventure, car son but était de démontrer la différence d'approche de l'existence entre ceux qui emploi la force physique brutale et ceux qui font appel à leur intelligence et à leur capacité de raisonnement.
Très vite le capitaine va montrer sa manière brutale et impitoyable de traiter ses matelots qu'ils considèrent comme étant des esclaves, peu digne de respect et de vivre. Pourtant le capitaine n'est pas un homme totalement inculte, au contraire, il possède une instruction issue de certaines lectures, qui au lieu de l'ouvrir à des sentiments d'humanité le conduise à asservir ses semblables.
C'est un roman psychologique où s'affronte deux visions de la vie. Le capitaine va tenter de transformer Hump, d'un jeune homme distingué, habitué à vivre douillettement d'un travail facile, aidé en cela par des revenus issus de rentes, en homme aguerri prêt à affronter les pires épreuves que l'on puisse rencontrer sur un bateau - en faite comme il lui dit : "apprendre à gagner sa nourriture grâce à son travail effectuer de ses mains et non pas grâce à l'argent de sa famille". Et pour cela le capitaine va pousser le jeune homme jusque dans ses derniers retranchements, usant d'une perversion morale qui fera quasiment passer Hump du coté des rustres.
Les matelots sont décrits comme étant les rebuts de la société ayant un passé maudit et un avenir de ratés, il n'y a aucune issue de secours pour eux dans
cette société où seul les plus fort peuvent survivre, et c'est en cela, et surtout de la manière dont l'exprime London, qui a fait naître un malaise, en moi, au fur et à mesure que je lisais ce roman. On y sent une volonté d'établir une théorie sur la faculté des hommes à exister en fonction de leurs origines, et petit à petit se profile le principe de la sélection naturelle ou le plus fort mange le plus faible, d'ailleurs il est fait références aux théories de Nietzsche et de Darwin.
A travers ce roman j'ai découvert un Jack London que je ne connaissais pas, et qui m'a surpris par ces propos étranges sur la condition humaine.
Bien au contraire ! 8 étoiles

Cher Heyrike,

Je suis dans l'ensemble d'accord avec vous, et cependant beaucoup plus enthousiaste. Il s'agit en effet non pas d'un roman d'aventures maritimes, mais d'un essai philosophique où l'auteur s'oppose catégoriquement aux théories simples de la domination de l'homme fort sur le faible (par la force, mais aussi la haine, le mépris total de la vie humaine, l'absence de morale, de dissociation entre le bien et le mal, et le reniement de toute culbabilisation, qu'elle soit née d'une éducation intellectuelle ou religieuse)

Je me suis véritablement délecté à la lecture de cet ouvrage, et je pense justement qu'il y a ici véritablement un essai de la part de J. London de dénoncer les théories de Nietzsche comme de Darwin. Je ne voudrais pas pour argumenter ma perception hôter aux futurs lecteurs de ce livre le plaisir d'en découvrir par eux mêmes la fin, mais elle détient la réponse. Dans cette lutte entre l'homme (et la femme) civilisé(s) contre l'homme primaire qu'est Loup Larsen (le Capitaine féroce et brutal), il n'y a pas deux vainqueurs...

Enfin, hormis le débat idéologique et le récit des vicissitudes du héro cultivé sur le voilier pêcheur de phoques de Loup Larsen, on appréciera de toute façon la plume élégante et relevée de Jack London.

Bonne lecture !

La_mouette - Paris - 44 ans - 7 novembre 2005