Gare centrale
de Lewis Trondheim (Scénario), Jean-Pierre Duffour (Dessin)

critiqué par Jean Loup, le 24 septembre 2002
(Vaulx en Velin - 51 ans)


La note:  étoiles
Gare kafkaienne
Initialement publié chez Rackham en 1994, "Gare centrale" fait l'objet d'une nouvelle édition dans la collection Ciboulette de L'Association. Il faut dire qu'aux commandes du scénario, on trouve Lewis Trondheim, auteur phare et influent au sein de la maison d'édition parisienne. Au pinceau, Jean-Pierre Duffour, dont j'avoue n'avoir jusqu'alors jamais entendu parler. Son trait est pourtant assez séduisant, avec une bonne maîtrise du lavis. Le personnage principal, un chat en imperméable, n'est pas sans évoquer le héros du fameux "Blacksad" - mais le parallèle s'arrête là et il est hautement improbable que le virtuose espagnol ait plagié Duffour.
Hommage au théâtre de Ionesco, à la plume de Kafka ou au "Buffet froid" de Blier, "Gare centrale" met en scène l'absurde. Inutile de chercher des éléments rationnels dans cette étrange gare : il n'y en a pas. Les personnages qui y déambulent sont tous plus bizarres les uns que les autres. Les panneaux d'affichage s'obstinent à n'informer d'aucun départ de train, les horloges n'indiquent pas la bonne heure, les horaires sont introuvables, les renseignements impossibles à obtenir.
Une telle approche est relativement originale en Bande Dessinée, aussi le lecteur trouvera-t-il plaisante cette petite histoire sans prétention, qui révèle un autre volet de l'imagination fertile de Trondheim. L'auteur a fait nettement mieux depuis (relisez les Lapinot !), mais "Gare centrale" mérite le détour si vous êtes un de ses fans assidus.