Pourquoi le Brésil ?
de Christine Angot

critiqué par Renardeau, le 23 septembre 2002
(Louvain-la-Neuve - 66 ans)


La note:  étoiles
Je t'aime, moi non plus
Etre aimée, acceptée entièrement, protégée, voici ce à quoi Christine Angot aspire. Ses livres sont ce grand cri d'appel à une fusion impossible avec son être blessé. Blessée, elle l'est, Christine, presque à mort, depuis que son père, à l'âge de 14 ans, a abusé d'elle. Toute son oeuvre hurle son désir d'être aimée autrement, tout chez elle aspire à trouver l'homme (ou la femme ?) qui pansera ses plaies.
Pourquoi le Brésil est son histoire d'amour avec Pierre Louis Rozynès, éditeur de Livres Hebdo. Elle raconte sans pudeur, crûment, leur amour, leur passion, leurs moments de haine, leurs crises, leurs vie sexuelle et affective. Oui, elle est crue, l'écriture de Christine Angot, mais pas vulgaire. Christine se retourne comme un gant et se donne à voir, sang et viscères, et surtout douleur, douleur infinie, mal de vivre, incapacité à se suffire à elle-même, et en même temps, incapacité à nouer une relation qui ne soit pas guerre.
Au moment de l'écriture du livre, Christine Angot vient de quitter Montpellier et de s'installer à Paris, où elle espérait une vie différente, si possible meilleure. Et c'est la déception, la froideur du milieu artistique, l'hostilité, le snobisme de certains, le ridicule d'un dîner en ville qui clôt le livre.
Le grand tort de Christine Angot, c'est de trop attendre de l'amour et de se retrouver dans le dilemme classique, "ni avec toi, ni sans toi" ... Mais son écriture la montre si vulnérable et si forte en même temps qu'elle suscite des réactions passionnées. Nul n'y est indifférent. Soit elle est détestée, soit elle est adorée.
Son écriture est plus mature, plus agréable à lire qu'à l'époque de "L'inceste" (peut-être parce que le sujet en est moins difficile). Malgré le chaos qui se dégage de sa vie sentimentale et quotidienne, il y a comme un souffle d'harmonie dans ce livre. Parce que Christine Angot est vraie et que dans son incohérence, tout est cohérent. Christine Angot ne ment pas, elle nage, haletant au ras de l'eau, mais elle nage et elle vit.
Angot-centrique? 1 étoiles

En tous cas, "Angot-centrée"...

Mais il est vrai qu'un opus précédent s'appelait déjà Sujet Angot. Au moins, le titre était explicite.

Là, il vous faudra déjà franchir 65 pages d'épuisement physique de l'auteure, avant d'apprendre (stupéfait?) qu'entre elle et Pierre-Louis Rozynès (pardon: à Paris, on dit PLR; je ne suis pas assez branchouille!), ça glisse. "C'était ça. Quand j'ai dit ça, quand j'ai dit: ça glisse, j'ai l'impression d'avoir tout dit."

Bien sûr, il est réjouissant d'apprendre que l'inceste ne détruit pas irrémédiablement tout désir physique chez ses victimes, heureusement. Mais il y a des traces, en tous cas: un bonheur établi, simple, lui paraissant peut-être trop monotone, PLR et elle passent les 158 pages qui restent entre crises cycliques et retrouvailles, séances de psy et névroses, dîners parisiens et interviews médiatiques.

Il paraît que son écriture est assez crue; mais à part citer nommément les protagonistes de sa vie, je ne vois pas en quoi. Elle l'écrit elle-même: «le sexe, je ne peux pas en parler, je ne saurai pas.» Toujours à cause de cette histoire d'inceste, nous dit-elle.

A moins de vous passionner pour le gratin parisien artistico-médatico-littéraire, ou de connaître personnellement les personnes citées, ces descriptions nominatives risquent de ne rien provoquer chez vous. Même les voyeurs les plus pipoles en seront pour leurs frais.

Alors, «trop intelligente pour être heureuse»? Trop exposée aux médias pour vivre pleinement un bonheur épanoui, privilège du simple commun des mortels? Trop fatiguée par les contraintes de la vie parisienne?
Ou juste Angot-centrique, peut-être...

Praxilene - Rennes - 57 ans - 1 octobre 2008


intime confession 7 étoiles

Christine Angot ne parvient pas a sortir de la terrible blessure de l inceste qu elle a subi dans son enfance le titre de sa chronique confession " pourquoi le Bresil" en est la preuve puisqu elle est tirée d une lettre que son père lui adressa un jour. Séparée de son mari et de sa fille Leonore ,elle quitte Montpellier pour Paris et au bout du rouleau va tenter une relation d'amour avec un autre homme mais ce sera l 'échec car ce dernier , journaliste , ne pense qu a son boulot, au bouclage de son periodique et a ses amis. Il aura quelques rapports physiques avec elle et ira jusqu a la violer..Christine Angot nous livre avec beaucoup de pudeur ses etats d âme et parvient a nous interesser a son histoire sans tomber dans les pleurnicheries. Ce " roman " m a beaucoup plus par ses accents de sincerité.

Francesco - Bruxelles - 79 ans - 7 décembre 2002


Que de cris! 5 étoiles

Un livre qui propose, sans doute, une novelle écriture heurte souvent le lecteur. Mais n’était-ce pas le cas déjà avec Ingrid Caven de Jean-Jacques Schuhl (prix Goncourt 2000 et critiqué sur le site) et peut-être avec les livres de Céline comme
Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit, D'un château l’autre ? Comme, c'est souvent le cas devant des œuvres contemporaines. Dans tous ces livres il y a un ...disons...un côté autobiographique qui donne de l'authenticité, crédibilise, rend réel ce qu’on lit. Les souffrances, les sentiments en ressortent d’autant mieux qu’ils sont vécus par les auteurs eux-mêmes ! Cela donne parfois une écriture hachée, ponctuée de
phrases brèves qui donnent un style au roman. Un style nouveau. L’essentiel n’est pas l’histoire mais le sentir vrai. Comment ne pas éprouver de malaise ? Ces romans et celui de Christine Angot nous nouent la gorge.
Tout de suite on
ressent un mal de vivre du personnage du livre. Il y a des hauts et des bas, plus de bas quand même ! Une rencontre peut-elle changer cet état d’âme ?
Oui il y a une histoire : la rencontre, la vie commune de deux personnes. Deux personnes au passé lourd. De crises en petits moments de bonheur, on peut suivre leur parcours plus que chaotique tout au long du livre. Que dire d’autre, si ce n'est que les personnages centraux du livre sont Christine Angot et un célèbre journaliste parisien et que tout évolue dans le monde de la télévision et du milieu artistique (sans doute très choisi) de Paris. Pour ceux qui n’ont pas peur de vivre les cris, bagarres et tout le tralala d’un couple qui se déchire. Un livre à lire tout haut.

Popol - Uccle - 67 ans - 24 novembre 2002