Hadassa
de Myriam Beaudoin

critiqué par Libris québécis, le 14 mars 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Hassidisme au féminin
Avec délicatesse, mais fermeté, l'auteure pénètre le monde des Hassidim de Montréal. C'est à l'ombre des arbres centenaires de l’arrondissement d’Outremont qu'ils vivent scrupuleusement selon les lois de la Torah. On embauche quand même des non juives pour enseigner le français aux jeunes du primaire uniquement. Après douze ans, on enseigne aux filles à devenir des épouses modèles.

L'héroïne rend compte de son travail d'enseignante obligée de se vêtir en excluant « les blouses sans manches, les jupes au-dessus du genou, les pantalons, les tissus qui brillent, les coupes ajustées ». Sans compter les consignes formelles, qui lui interdisent de discuter en classe de l'amour, des médias, des films, des chanteurs… En s'adaptant à cette communauté repliée sur elle-même, elle réussit à se faire aimer de ses élèves, et en particulier d'Hassada.

Le roman raconte l'histoire de leur amitié, interdite par la religion. Apparaît également en croisée l'aventure d'une femme mariée à un homme choisi par la communauté. Son cœur palpite quand elle rencontre un immigrant polonais, commis dans une épicerie. Rencontre fortuite qui se poursuit dans une ruelle. Somme toute, on sent que le choc culturel peut s'amenuiser, surtout si l'on considère l'intérêt des élèves pour les livres apportés par leur institutrice de la bibliothèque publique où elles ne peuvent aller.

En alternant le JE et le IL, l'auteure conjugue amour et amitié sans provoquer les susceptibilités. Dans une écriture hachurée à l'instar des chansons rap, elle décrit, avec une économie de mots et beaucoup d'objectivité, l’hassidisme au féminin comme l'a fait Éliette Abécassis.