Notre mère la guerre, tome 3 : Troisième complainte
de Kris (Scénario), Maël (Dessin)

critiqué par Nothingman, le 10 mars 2012
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Ravages
Troisième tome de cette excellente série qui prend pour cadre la Grande Guerre, cet enfer. Nous sommes en mai 1917, vingt-sept mois après que la section Peyrac, soit cinq jeunes soldats, suspectés de l’assassinat de quatre femmes derrière les lignes du front, se soient fait exterminer par les Allemands. Le lieutenant Vialatte, chargé de l’enquête à l’époque, a poursuivi la guerre. Il est gravement blessé après s'être engagé dans les chars, sur le front. Lors de son repos, le fraîchement Commandant Janvier , qui enquêtait avec lui à l’époque, exerce sur lui un terrible chantage affectif et lui confie à nouveau l’enquête des femmes assassinées. Le groupe à Peyrac est mort mais malgré leurs probables culpabilités, le doute subsiste chez les gendarmes du front.. Vialatte, tout juste remis de ses blessures et rempli de doute, reprend son enquête à zéro avec à ses côtés, le Maréchal Desloche. Et replonge dans l’enfer de la guerre et ses à-côtés.

Cet avant dernier volume de cette série commence très fort, au cœur des tranchées. On vit en direct une attaque de chars. Le dessin de Maël est impressionnant, au cœur de cette fournaise. On a presque l’impression d’être plongé dans l’enfer avec les Poilus, de sentir les brûlures, de respirer les gaz toxiques, Maël décrit au mieux ces décors ravagés, et ces soldats ravagés eux-aussi tant dans leurs chairs (à canon) que leurs pensées, devenues moribondes. Cette guerre, dont ils ne voient pas le bout du tunnel, les épuise psychologiquement. Cet épisode est aussi un bon prétexte pour aller voir ce qu’il se passe derrière la ligne de front. Un passage par Paris permet de voir comment étaient considérés les poilus lors de leur permission et comment on vivait la guerre de là-bas. Kris, le scénariste retranscrit cette ambiance par une succession de petites anecdotes, qui, elles, font la Grande Histoire. On est presque en train de suivre un documentaire.
Mais là où le scénariste excelle également, c’est dans la description des sentiments de ses personnages. Le texte, couplé au dessin, est prenant et juste. C’est poignant à chaque case.
Initialement, ce tome aurait dû être le dernier, mais Kris et Maël ont décidé d’ajouter une quatrième complainte à leur œuvre. On ne pourra que s’en réjouir.
Un peu de répit dans la tourmente. 10 étoiles

Momentanément les éclairs de feu sont cessé de zébrer le champ de bataille. En effet, nous quittons le front après un dernier assaut épaulés par ces nouvelles machines que sont les chars, pour nous rendre à l'arrière, poursuivre l'enquête.
Les auteurs ont pris le parti d'une bédé sombre jusqu'au bout, pas de trêve pour la noirceur, aussi bien du trait que du scénario.
L'âme de la guerre a contaminé l'âme des hommes qui reste engluée dans le marasme des combats.
Un tome dans la droite ligne des précédents, parfait, rigoureux, digne de faire figurer la bédé dans ce qu'on appelle de l'art.

Hexagone - - 53 ans - 4 novembre 2012