Temps Difficiles
de Charles Dickens

critiqué par Ravachol, le 26 mars 2012
( - 41 ans)


La note:  étoiles
temps difficiles
"Temps Difficiles" est un roman assez méconnu de Dickens. L'histoire se situe à Coketown au moment où l'industrialisation bat son plein. Tout au long de ce court roman, on va suivre l'histoire d'une famille riche, les Gradgrind. En parallèle, on suit également la dure vie de Stephen, ouvrier à l'usine, qui ne cesse d'être persécuté par ses patrons. Sa femme est devenue alcoolique mais il fait avec.
Quant aux enfants Gradgrind, ils sont élevés dans la logique utilitariste, afin de ne pas avoir de pensées évasives et improductives. L'heure est à la production et à la rentabilité.

"Temps Difficiles", c'est aussi la description d'une ville ( apparentée à Manchester) où l'industrie du charbon va jusqu'à modifier le paysage. Le nuage épais qui stagne au dessus des habitations plonge la ville dans une pénombre tenace.

Quant à Dickens, il reste fidèle à lui-même et nous livre une vision manichéenne mais juste de ce monde en plein changement. L'ouvrier Stephen y est décrit comme un homme juste et bon, rempli d'humanité et de volonté.
Injustices sociales et environnementales 8 étoiles

Le nom de Charles Dickens se rattachait pour moi jusqu’à très dernièrement aux orphelins anglais qui devaient travailler et rivaliser d’ingéniosité pour subsister dans un monde adulte hostile. Image sans doute véhiculée par des contes pour enfants ou des programmes télévisuels.

J’ai souhaité lire Les temps difficiles dans le cadre de la " sélection des classiques anglais du 19ème de CL." Après avoir dévoré les sœurs Brontë, je souhaitais découvrir d’autres classes sociales britanniques que celles de la bourgeoisie. Charles Dickens répond à ce souhait en mêlant (dans son récit et non dans la vie) les destins d’ouvriers et d’hommes et femmes bien placés. Cela donne un roman extrêmement manichéen mais pas déplaisant pour autant. Pour marquer encore plus le contraste entre les personnages de Dickens, on pourrait dire que « les riches », et surtout les hommes, considèrent tout ce qui ne découle pas de la science ou de l’étude comme dérisoire et néfaste. « Par bêtise, il entendait l’imagination » nous affirme Dickens, ou encore « cette phrase renfermait le ressort de l’art mécanique et mystérieux de cultiver la raison sans s’abaisser à prendre souci des sentiments ou des affections ». La langue de Dickens bien que traduite renferme une multitude d’images fortes, de métaphores, de vocabulaire précis ; un régal.
« Ce que l’éclat des brillantes étoiles auprès de la lueur blafarde de la chandelle qui brûlait à la croisée, Rachel l’était aussi dans l’imagination inculte de l’ouvrier, auprès de toutes les occupations de sa vie journalière ».
Quant « aux pauvres », leur vie ne serait que labeur et pour les plus chanceux délassement auprès d’activité considérées comme futiles pour beaucoup, comme le cirque. La description de la ville fictive de Coketown ne devrait pas être reprise par un office de tourisme ; on n'y trouve que brumes, eaux croupies, vapeurs sournoises, rues désertes, pluies incessantes, air vicieux…

On se doute que Dickens critiquait la société de l’époque : injustice sociale, essor du capitalisme, non prise en compte de l’environnement… Bien que complètement irréaliste, l’histoire nous intrigue assez pour passer un agréable moment avec un des grands noms de la littérature anglaise.

Elya - Savoie - 34 ans - 18 décembre 2012