Escurial ; Barabbas
de Michel De Ghelderode

critiqué par Patman, le 8 mars 2012
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
J'aime ce rire flamand qui vient du fond des entrailles !
Dans une Espagne moyenâgeuse et légendaire, une reine agonise dans une chambre sombre du palais. Dans la salle du trône, qui ressemble plus à un cachot, le roi attend en écoutant les chiens qui hurlent à la mort… Le décor est planté, la pièce sera sombre et sinistre. Ne supportant plus les cris des chiens, le roi fait venir Folial son bouffon, un bossu flamand, afin qu’il l’amuse. Mais le bouffon est triste et le roi se fâche, à quoi sert un bouffon qui ne sait pas faire rire ? Un jeu cruel se met en place entre les deux hommes, on échange les rôles, le roi se coiffe du bonnet à grelots de Folial et oblige celui-ci à ceindre la couronne… Qui est le fou ???

« Escurial », pièce en un acte de Michel De Ghelderode est un petit chef d’œuvre. Rythme haletant, richesse de la langue, alternance de rires et de larmes, tout est réussi. Une pièce qui n’a pas pris une ride (elle a été écrite en 1927) tant le thème du pouvoir et de la folie qu’il engendre est toujours d’actualité. J’ai eu la chance de jouer cette pièce à de nombreuses reprises et j’en garde un souvenir impérissable.

Michel de Ghelderode (1898-1962) n’apparaissait pas encore sur CL, voici ce grave manquement réparé. Il fut sans doute le plus grand auteur de théâtre belge, le plus prolifique aussi avec plus de 60 pièces à son actif dont les célèbres « La Balade du Grand Macabre », « Barabbas », « Pentagleize » ou encore des œuvres pour le théâtre de marionnettes comme « Le Siège d’Ostende » (à voir chez Toone quand vous passerez par Bruxelles).
Pressenti pour le Prix Nobel de Littérature, il décède le 1er avril 1962, une mauvaise farce macabre dont il avait le secret sans doute !