Etudes philosophiques. Le Réquisitionnaire
de Honoré de Balzac

critiqué par Exarkun1979, le 7 mars 2012
(Montréal - 45 ans)


La note:  étoiles
Le Réquisitionnaire
L'histoire de ce roman se passe en 1793. Madame de Dey est une femme très respectée dans son coin de pays. Elle l'est autant des des royalistes que des républicains. Ayant perdu son mari il y a quelques années, il n'y a de place dans son coeur uniquement pour son fils. Du jour au lendemain, elle se coupe de monde. Dans un petit village comme celui où elle vit, cette situation ne passe pas inaperçue. La raison c'est qu'elle a reçu une lettre de son fils lui disant que s'il n'est pas là d'ici trois jours c'est qu'il aura été fusillé.

Une grande partie de ce livre est sur l'attente de Madame de Dey. Tout comme elle, on se demande ce qui arrivera à son fils. C'est un très bon court roman qui nous tient en haleine du début à la fin. Pour la fin, elle est typique des autres romans de Balzac.
Arrivera ? Arrivera pas ? 9 étoiles

Voici une très bonne nouvelle de Balzac, l’une de ses meilleures. Ne faisant que 20 pages, l’action est resserrée à son seul sujet : Madame de Dey, riche comtesse, qui s’était faite discrète en province normande durant la Révolution pour échapper aux persécutions de la Terreur, reçoit une lettre de son fils qui l’informe qu’il va revenir la rejoindre dans les trois jours, après s’être évadé comme il l’espère.

Ah, qui dira les affres d’une mère qui attend son fils dans de telles conditions ? En attendant, elle doit continuer à faire bonne figure aux notables de la province, qu’elle avait l’habitude de recevoir pour s’attacher leurs bonnes volontés et s’aider ainsi à traverser sans dommages les soubresauts mortels de la Révolution pour tout ce qui était perçu comme privilégiés de l’ancien régime.

Une nouvelle dense d’émotions, à la tension constante, qui nous fait trembler avec la comtesse et nous fait demander impatiemment avec elle : son fils arrivera-t-il ? Le suspense que Balzac sut instiller avec un tel sujet est de toute réussite. La fin est l’occasion pour l’auteur de démontrer sa théorie de la liaison instantanée des âmes qui s’aiment indissolublement par-delà le temps et l’espace.

Voilà ici un vrai petit bijou littéraire qui ne dépare en rien l’immense construction joaillère de la Comédie Humaine.

Cédelor - Paris - 52 ans - 8 octobre 2024