L'Automne Zéro Neuf
de Didier da Silva

critiqué par Sissi, le 7 mars 2012
(Besançon - 53 ans)


La note:  étoiles
"Se sentir être une bonne blague n'est au fond pas désobligeant."
Didier da Silva fait le pari de ne pas ennuyer en racontant son quotidien dans ce qu’il peut avoir de plus basique, par le biais d’un petit journal qui couvre l’automne 2009.
Et le pari est plutôt réussi, si l’on considère qu’il ne se passe finalement pas grand chose hormis quelques « riens mis bout à bout ».
Des petits riens, ceux du temps qui passe et qui finissent par le remplir malgré tout.
Avec quoi ?
Des interrogations métaphysiques : « Est-ce que les animaux ont mal au crâne ? J’ai posé la question à Google et j’ai lu le « sous projet 6 » d’un professeur de Bordeaux II, « barrière encéphalique et migraine chez le rat », sans en comprendre un mot ( Cinquante rats albinos divisés en six groupes me chiffonne, ça ne fait pas un compte rond.)
Des réflexions sur le vide intersidéral qui comble (sans combler…) pourtant l’existence , comme lorsque le narrateur écoute France Info tôt le matin, puis tard le soir « J’ai cru reconnaître les informations du matin. Et mon expérience personnelle, cette fois, était raccord : entre-temps, en effet, je pouvais en témoigner, il ne s’était rien passé."
Des questionnements sur le sens de la vie « Je me demande ce que je fais de mes journées."
Et puis, de véritables petits moments de grâce , tel cet arc-en-ciel nocturne :
« En frissonnant, il gèle, je songe aux merveilles qui me passent sous le nez : serais-je sorti maintenant, c’est à dire un quart d’heure plus tard que je ne l’ai fait, ce qui est peu (ce qui n’est rien), cette combinaison grandiose m’aurait complètement échappé.
J’en ai le tournis. Ce qu’on voit, ce qu’on croit voir, ce qu’on ne voit pas, ce qu’on a vu ! »

Didier da Silva se regarde vivre, il se moque de lui-même, et il se moque du monde.
Sans être pour autant désobligeant.