La montée du soir
de Michel Déon

critiqué par Lecassin, le 3 mars 2012
(Saint Médard en Jalles - 68 ans)


La note:  étoiles
Quand le vent du soir se lève...
« Vient un moment de la vie - mais lequel ? il diffère pour chacun, très tôt pour les uns, très tard pour les autres, parfois jamais pour de rares élus comblés, mourant les mains, la mémoire et le cœur pleins -, vient donc un moment de la vie où nous nous apercevons que les amitiés, les amours, les sentiments et jusqu'aux lieux et aux mots que nous croyons perdre par une maladresse déprimante, en réalité nous quittent d'eux mêmes, animés d'une sournoise volonté de fuite » Tel est l’incipit du roman de Michel Déon, « La montée du soir ».
Un homme, au soir de sa vie bien remplie fait l'expérience de la solitude. A un moment où les souvenirs s'érodent, où les visages des disparus s'estompent, Gilbert Audubon constate avec une sérénité doublée de fatalisme que les objets, à l'instar des souvenirs, eux aussi, finissent par quitter le navire... Perdus ? En fuite ?
Michel Déon nous livre à travers ce court roman, les inquiétudes tendres et nostalgiques d'un quasi septuagénaire gâté par la vie qui voit s'enfuir ses souvenirs, tels des rats quittant le navire, engagé qu'il est dans "La montée du soir"...
Etat de grâce 10 étoiles

Gilbert Audubon vit ses derniers instants en compagnie de son fidèle chien, Rhadamante.
Dans un style étincelant, Déon nous ouvre sur le terrible, l'inéluctable, sans toutefois sombrer dans le pathos ou le convenu. Car ce roman évoque tout d'abord des instants de bonheur arrachés: les femmes sont, ici, de passage. L'épouse, tout comme l' amante, s'enfuient aussitôt rencontrées.

Ce livre est une étrange musique qui vous touche et pénètre comme une sonate de Mozart qui accompagne une sereine méditation et un appel à la spiritualité.
"Il refuse le voile qui menace sa vision. Il avance d'un pas.[...] Il contemplera une dernière fois, avant que les aigles plongent leur bec dans ses orbites, le monde qui ne veut plus de lui, la montée du soir".
J'ai beaucoup aimé ce livre, même s'il comporte une légère touche surannée. L'analyse est fine, poétique et traduit bien la solitude de Gilbert. L'analogie avec le jardin japonais, le ki, comme paysage intime, m'a semblé bien judicieuse et romanesque. C'est sans doute cela qui m'a emportée, comme souvent chez Michel Déon.

Anonyme12 - - 14 ans - 10 novembre 2013