Woyzeck
de Georg Büchner

critiqué par R. Knight, le 28 février 2012
( - 29 ans)


La note:  étoiles
Le 'désespoir' d'un homme solitaire...
Cette pièce de théâtre dite 'fragmentaire' pourrait presque être qualifiée d'absurde tant je ne suis pas parvenue à en saisir le sens exact.
Woyzeck est soldat et se sent seul. Pourtant il a une femme et un fils. Mais il doit subir les expériences d'un médecin qui se sert de lui comme cobaye. De même, il est le subalterne du capitaine de sa garnison.
L'intrigue se résume comme cela. Woyzeck va être de plus en plus désespéré. Et quand le désespoir nous tient, qu'est-ce-que celui-ci ne nous pousse pas à faire !
Malgré la petite taille de cette pièce, il m'a été très pénible de la lire. On dirait qu'il n'y a pas d'action concrète, sauf peut-être à la fin qui est, selon moi, le seul bon passage que je tirerai de ce récit.
Les personnages m'ont paru vides. Marie, la femme du héros, notamment, est d'une inutilité pitoyable. Elle apporte l'élément déclencheur de la 'démence' de Woyzeck, mais ne sert qu'à cela. Elle n'entretient aucun raisonnement solide, ne réfléchit pas, même. Woyzeck lui-même ne m'a pas paru intéressant, agaçant au possible, sa nonchalance m'a déplue.
Bref, une intrigue ennuyeuse, des personnages sans fond, et une action quasi-inexistante. Et dire qu'on m'avait parlé de chef-d'oeuvre !
Pauvre jouet du destin... 9 étoiles

Ouh la ! Je viens à la rescousse de cette œuvre poétique et magnifique qu’est Woyzeck ! Bien malgré lui, Büchner est devenu une figure emblématique du théâtre occidental. Et si Woyzeck n’est pas la première tragédie sociale elle est néanmoins la première apparition dans le théâtre allemand (et européen en général) d’un héros qui n’est issu ni de la mythologie, ni des classes bourgeoises ou aristocratiques, mais bien du prolétariat ! Pas mal pour une pièce dont l’écriture a commencé en 1836 et qui est restée inachevée puisque le pauvre Büchner est mort du typhus en février 1837, à 23 ans ! La fin ne fut jamais écrite, on ne sait d’ailleurs pas quelle fin il imaginait pour sa pièce. Ceci explique peut être son côté « décousu ». Woyzeck s’inspirait d’un fait divers qui avait défrayé la chronique en Allemagne quelques années auparavant ; un drame de la jalousie qui est finalement un thème universel et intemporel (Homère, le premier romancier de l’histoire, dans l’Iliade, nous conte les conséquences funestes d’une pauvre histoire de fesses !)
Comme je l’ai dit par ailleurs, une pièce de théâtre, il faut la vivre plutôt que la lire… Avec une bonne mise en scène, je suis sûr que tu trouverais ça beaucoup moins indigeste.

Patman - Paris - 62 ans - 29 février 2012