Jack
de Alphonse Daudet

critiqué par CC.RIDER, le 26 février 2012
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un grand classique
Jack (avec un k) est un blondinet doux et gentil qui n'a jamais connu son père. Sa mère, Ida de Barancy, fausse comtesse mais vraie « cocotte » plutôt écervelée veut le placer dans un pensionnat pour avoir les coudées franches et profiter de la vie. Refusé par un établissement sélect, il échoue au Gymnase, piètre internat spécialisé dans l'accueil des « Petits pays chauds », enfants de notables, potentats ou roitelets d'Afrique ou d'Asie, désireux de donner à leur progéniture une éducation à la française. Sa mère tombe follement amoureux du professeur de français du Gymnase, un certain Vicomte d'Argenton, raté notoire et ombrageux poète qui va s'acharner à rendre la vie infernale à l'enfant. Et ce n'est que le tout début d'un long calvaire...
Un roman social et émouvant qui permet de suivre le sinistre déroulement d'une vie gâchée par l'insouciance d'une mère indigne et la méchanceté d'un beau-père sadique. Le malheureux Jack d'Alphonse Daudet peut dignement tenir la comparaison avec les autres enfants souffre douleur de la littérature comme Olivier Twist, David Copperfield, Poil de Carotte ou le Petit Chose. En plus d'une analyse particulièrement fine des caractères et des situations sociales d'une époque (condition des filles-mères subissant la honte et le déclassement), Daudet nous fait découvrir le travail ou plutôt l'exploitation honteuse des enfants dans la sidérurgie où Jack souffrira quatre années et dans les entrailles des grands bateaux à vapeur où il sera « chauffeur ». Sur ce registre naturaliste et social, Daudet rejoint Zola. Avec sa fin dramatique, ce livre peut paraître un peu mélo pour un lecteur d'aujourd'hui alors qu'il n'est que dramatique et surtout réaliste. Daudet, auteur apparemment léger, aimable et distrayant, ne se faisait aucune illusion sur la nature humaine et sur les rapports sociaux de son temps. Un grand classique.