Betty
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 26 février 2012
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Tragiquement féminin
Le premier chapitre est – sciemment – nébuleux. Et pour cause, Simenon nous décrit la dernière cuite (ivresse) de Betty. Cette jeune épouse a deux enfants mais son mari vient de la mettre à la porte (vous en découvrirez la raison). Elle a échoué au « Trou « un bar parisien et c’est Laure qui l’a accueilli dans son appartement. Petit à petit, nous découvrons les blessures de Betty qui se sent salie, du bout des cheveux jusqu’à la plante des pieds.
« Ce n’est pas parce que mon mari m’a chassée, parce que les Etamble m’ont exclue du clan, de la famille, que je me suis mise à boire. Ce n’est pas non plus parce que j’ai vendu mes enfants. Je peux vous réciter le texte par cœur (…) »

Une fois encore, une longue descente dans l’abîme. Ce roman est – tragiquement – féminin. Et vous l’avez deviné, il traite également de l’alcoolisme.


Extraits :

- « - Que t’a-t-elle dit encore ? «
« - Elle en a tant raconté que j’en oublie. Vois-tu, c’est une malheureuse. Elle passera sa vie à courir après quelque chose sans jamais savoir quoi. «
« - Elle a des yeux de bête perdue «
« - Elle finira peut-être, comme un chien perdu, par trouver une bonne âme qui l’adoptera «

- A propos de Simenon : « Pour l’atmosphère, le caractère, l’intensité, l’humour et par-dessus tout pour l’humanité et la connaissance de la masse pathétique et malheureuse (…) personne ne l’égale, personne. »
John Cowper Powys
Juste avant la nuit... 8 étoiles

Avec Betty, on ressent un certain malaise tout au long de ce roman noir. Cette femme qui évolue à la manière d’un funambule, sur un fil sans qu’on sache, si elle parviendra à tenir en équilibre jusqu’au bout, a quelque chose de cauchemardesque. Ce côté sombre qui réussit bien souvent hélas, à envahir totalement nombre de personnes un moment ou à un autre de leurs existences. Un Simenon super chouette qui effraie par son intensité dramatique.

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 11 juillet 2015


Simenon en peintre de l'âme 9 étoiles

Voici un nouvel exemple de l'immense talent de Simenon pour dépeindre les portraits, des êtres humains, dans leurs souffrances, leurs forces, leurs faiblesses, avec peu de mots, toujours à l'Economie.

Betty en personnage de victime, ayant perdu ses enfants, son mari, sa vie, son honneur, perdue pour toujours, à moins que l'espoir ne lui donne une nouvel espoir, quel qu'en soit le prix.

Simenon dans toute sa force.

Fa - La Louvière - 49 ans - 22 janvier 2015