The Who
de Christophe Delbrouck

critiqué par Patman, le 20 février 2012
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
Who is WHO ?

Belle biographie très complète réalisée par Christophe Delbrouk à qui l’on doit également quelques ouvrages fort réussis sur Frank Zappa, Weather Report ou encore Crosby-Stills-Nash & Young notamment. Vous aimez le rock ? Vous aimerez ce livre alors qui nous replonge au cœur d’un des plus mythiques groupes des années 60-70.

Ah, les sixties ! Le Swinging London et ses innombrables groupes de rock tous plus « fabulous » les uns que les autres. Même s’il faut bien reconnaître que de la masse, trois sortent du lot lorsqu’on évoque cette période bénie par les amateurs de décibels électriques : les Beatles bien sûr, leurs (faux) ennemis des Rolling Stones et qui ? oui qui ? hein qui ? Les WHO bien sûr ! troisième groupe mythique du milieu des années soixante ! Un « band » associant quatre musiciens aux caractères bien trempés et souvent antagonistes. Car on ne peut pas dire qu’ils soient les meilleurs amis du monde nos quatre lascars… Mais commençons par le commencement. Pete Townshend, John Entwistle, Roger Daltrey et Keith Moon sont tous nés dans la banlieue de Londres à la fin de la seconde guerre mondiale. Pete, John et Roger fréquentent la même école, mais ne sont pas vraiment amis. Roger et un loubard bagarreur, beau gosse, frimeur et plutôt médiocre élève ; Pete est un jeune gars très complexé (grand échalas, gros nez, oreilles décollées…) bon élève et doué pour la musique (il joue de plusieurs instruments), John est timide et réservé, excellent musicien lui aussi et il forme avec Pete un groupe. Roger de son côté est le leader tyrannique d’un petit groupe : les Detours. Ce groupe joue des reprises de blues et de rock’n’roll dans des bals et les pubs. Roger y tient la guitare solo, mais son caractère épouvantable et bagarreur fait fuir tout le monde. Il recrute Pete et John dans le groupe et, malgré des tensions récurrentes, ça marche un peu. Les concerts se multiplient et petit à petit l’osmose commence à se faire. Roger et Pete sont comme chien et chat et les frictions sont fréquente. Apprenant qu’il existe désormais un groupe « pro » nommé les Detours, ils changent de nom et après moultes recherches optent pour les Who. Pete supplante Roger dans le rôle de guitariste leader, John s’impose à la basse, Roger devient le chanteur du groupe. Ils vont même sortir un 45 tours sous le nom de « High Numbers » sans grand succès. Quelque temps plus tard, le batteur qui travaillait avec eux est viré par Roger. Débarque alors un phénomène : Keith Moon ! Keith joue d’instinct, c’est une vraie bête de scène. Redevenu les Who (après l’épisode High Numbers) le groupe devient une des nouvelles coqueluches de la scène anglaise. Porte-drapeaux (plus ou moins involontaire) du mouvement Mod, le groupe se gagne là un public qui les suit dans les concerts un peu partout. Le chic de la vêture contraste avec la violence de la musique. Sur scène, Pete, toujours complexé par son physique ingrat, multiplie les facéties, suivi par Keith qui ne manque pas l’occasion de faire le clown. Pour ne pas être en reste, Roger se sent obligé d’y aller aussi, seul John semble concentré sur son sujet. Un soir, Pete « explose » involontairement le manche de sa guitare en la projetant en l’air (la salle était basse de plafond). De dépit, il jette son instrument sur les amplis, ce que voyant, Keith entreprend de massacrer consciencieusement sa batterie… la légende des Who vient de naître. Dorénavant, et pour quelques années, le saccage du matos en fin de concert deviendra un rite. On comprend pourquoi les musiciens du mouvement Punk en 1976 se réclameront les héritiers de nos joyeux drilles !
Le premier succès tombe en 1965. « My Generation » cartonne en Angleterre. Une chanson composée par Pete. Le groupe se produit sans trop de conviction sur des plateaux de télévision, mais on voit bien que le play-back n’est pas leur cup of tea …ils ne s’éclatent que sur scène. L’album qui suit (intitulé lui aussi My Generation) marche moyennement mais permet quand même d’installer le groupe dans le paysage, loin derrière les Beatles et les Stones toutefois. Les Who, véritables bêtes de scène, tournent tant et plus en Angleterre, mais aussi en Europe du Nord et bientôt aussi aux Etats-Unis. Pete s’impose de plus en plus comme le leader du groupe au grand dam de Roger. Keith, lui, multiplie les frasques. Jusqu’en 1978, le groupe sortira 9 albums dont le célébrissime et précurseur « Tommy » qui n’est rien d’autre que le tout premier « Opéra-Rock » (1969) ! Tommy sera adapté au cinéma en 1975 par Ken Russell.
Le 7 septembre 1978, coup de théâtre dans le petit monde du rock : Keith Moon est retrouvé mort. On parle d’overdose, il semble que ce soit un suicide. En effet, lassés de ses perpétuels écarts de conduite, les autres membres du groupe l’avaient depuis quelques temps obligé à suivre des cures de désintoxication (alcool et drogues diverses) ce qui l’avait considérablement « diminué » physiquement et moralement. Le plus grand batteur rock de tous les temps n’était plus que l’ombre de lui-même, à seulement 30 ans. Le coup est rude pour les Who, toutefois le groupe décide de continuer, ils engagent un nouveau batteur Kenney Jones et même un claviériste, John Bundrick : pour quelques temps le quatuor devient donc quintet ! En 1983 cependant, les Who annoncent leur séparation. Mais très vite, les 3 Who « historiques » décident de se relancer … exit Jones et Bundrick, c’est désormais le batteur Simon Phillips (un batteur de studio – futur batteur de Toto) qui remplace Moon. Et dans les années 1990, le nouveau batteur ne sera autre que le filleul de Keith Moon, un certain Zak Starkey, ça vous dit quelque chose ? Ben oui… le fils de Ringo Starr himself !
En juin 2002, à la veille de repartir pour une nouvelle tournée américaine, le bassiste John Entwistle meurt d’une overdose de cocaïne à Las Vegas… Dorénavant, Pete et Roger, continuent en duo…
Les stars de légende ne meurent jamais ; les Who font partie intégrante de cette légende.