Le buveur
de Hans Fallada

critiqué par Elya, le 18 février 2012
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Dépendance et déchéance
Hans Fallada est essentiellement connu en France pour son livre Seul dans Berlin que je devrais lire sous peu. Je suis tombée par hasard sur Le buveur et le résumé aguicheur de l'éditeur Denoël m'a conquis. Ce roman a été publié de manière posthume et a été rédigé durant l'emprisonnement de l'écrivain suite aux conséquences engendrées par ses problèmes d'alcoolisme.

Nous rentrons dès les premières pages dans le vif du sujet : un homme qui a pourtant tout pour être heureux (une femme aimante, une belle maison, une entreprise florissante...) tombe presque du jour au lendemain dans le vice de l'alcool. Cela survient suite à de minimes contrariétés du quotidien, des engueulades avec sa femmes, des contrats aux modalités imparfaites. On prend un verre alors qu'on n'aime habituellement pas ça, puis on ne les compte plus. On est conscient que c'est mal, que l'on détruit les gens autour de nous, mais on se dit que ce sera bientôt fini... un dernier pour la route ou pour toute la vie ?

Hans Fallada raconte d'une manière brillante cette spirale infernale. Cela sonne si vrai que l'on est sans l'ombre d'un doute dans un roman en grande partie autobiographique. Pire, c'est si bien conté, d'une manière à la fois si touchante et si cruelle, qu'on a l'impression que cela pourrait arriver à tout le monde. Peu importe ce qu'il arrive à notre "héros" Erwin (la fuite, l'ivresse, les arnaques, la violence, la détention, les tromperies, les soins...), nous voilà complètement plongé dans cet univers misérable dans lequel Erwin entraîne ceux qu'il côtoie.
L'histoire se déroule dans les années 50 en Allemagne, mais nous dit aussi que ce qui est conté ici est le quotidien de beaucoup de gens aujourd'hui encore.

C'est un témoignage puissant sur l'alcool mais aussi plus généralement toutes les formes de dépendances et leur impact si néfaste dans tous les aspects de la vie quotidienne, mené d'une main de maître jusqu'au bout, et qui ne pourra laisser personne insensible.