Hippias majeur
de Platon

critiqué par Kinbote, le 14 septembre 2002
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Petit traité de logique et d'ironie
Socrate s'emploie dans ce dialogue de la première période à questionner le "sage et excellent Hippias" sur rien moins que la beauté. Mais c'est pour mieux réfuter les arguments avancés au fur et à mesure de l’entretien par le sophiste en employant, l’air de rien, les règles de logique qui seront plus tard recensées par Aristote.
Quand Hippias déclare que "la beauté, c’est une belle jeune fille", Socrate lui objecte qu'une jument peut être belle et même qu'une marmite peut l’être. Non seulement les autres propositions de Hippias seront refoulées mais, dans la seconde partie du dialogue, Socrate associera insidieusement son interlocuteur à sa recherche de l'essence de la beauté pour lui faire accroire d’une façon détournée qu'il est ignorant des choses essentielles,lui qui se vantait au début qu’il était un enseignant en toutes choses concernant la sagesse. Bref, on dirait aujourd'hui que Socrate lui démontre qu'il est un con doublé d’un fat.
Dialogue savoureux et instructif sur les démarches d'une pensée logique dans une édition destinée aux étudiants mais qui commente clairement les articulations du texte sans toutefois paraphraser. Des indications sont également données sur les protagonistes du dialogue et sur Platon ainsi que sur d'autres personnages
mentionnés dans le texte. Un glossaire donne des définitions engageantes de mots tels que dialectique, aporie, essence, idée.
Dans la même collection des "classiques de la philosophie", on trouve des petits ouvrages habilement commentés de Descartes, Kant, Machiavel, Aristote, Hegel , Spinoza et d'autres dialogues de Platon comme Le Banquet, Gorgias, ou La République.
Du beau, de l'utile et de la logique 8 étoiles

Par cette même méthode du dialogue, et de ce sempiternel long jeu de questions et réponses, Socrate file sa réflexion philosophique avec le vaniteux Hippias, au sujet du beau, de l'utile et du lien qui peut exister entre eux deux. Hippias se prévalant du sophisme, ses arguments restent souvent assez courts de réflexion et de peu de profondeur de réflexion. C'est par les interrogations apparemment naïves de Socrate que la lectrice et le lectrice sont formés par le maître de la philosophie à la logique et une méthode de raisonnement, puis à un début de réflexion sur le lien de causalité entre les deux notions mises en parallèle, ainsi que sur les vertus des anciens et contemporains, si la question détient réellement un sens.
Ce dialogue montre que la vérité ne se trouve pas forcément dans l'apparence des choses et qu'une analyse reste toujours nécessaire. Il s'avère donc fort utile. Comme il demeure assez court, nous pouvons nous concentrer sur la méthode de raisonnement, avant d'aller approfondir la teneur des notions abordées.

Veneziano - Paris - 47 ans - 8 avril 2020