Le Bien commun : Eloge de la solidarité
de Riccardo Petrella

critiqué par Bolcho, le 12 février 2012
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
Eloge de la solidarité
Ce livre paraît en 1996. Et c’est comme s’il nous parlait des derniers rebondissements dans l’actualité de ces derniers mois : les trois agences de notations qui distribuent les mauvais points pour obliger les Etats à sabrer dans les dépenses publiques, la « disparition » des gouvernements nationaux qui, de toute façon, obéissent aux marchés, le recul de l’âge de la retraite, les privatisations dans tous les secteurs, l’alibi des salaires plus bas ailleurs pour précariser chez soi, etc.
Gênées par les Etats plus ou moins keynésiens, les grosses entreprises privées ont fait en sorte que l’économie se mondialise, ce qui leur a permis d’échapper à toute réglementation. Nous sommes donc aujourd’hui dans un monde où les différentes élections dites « démocratiques » sont devenues une sorte de rituel sans aucune conséquence concrète puisque le pouvoir est ailleurs.
Les innovations technologiques changent le monde plus profondément que toute autre chose mais il n’y a aucun contrôle démocratique sur leur lancement.
On empêche les Etats d’assurer les services de base à la population, puisque tout doit être privatisable.

Rien que pour le « plaisir » (tu parles…), je vous mets cet extrait qui donne une idée de ce vers quoi nous allons sans doute :
« Aux Etats-Unis, conformément au nouveau décret réformant l’aide sociale et signé fin août 1996 par le Président Clinton, obligation est faite au chef de ménage bénéficiaire de l’assistance sociale de travailler au bout de deux ans. S’il ne travaille pas, il ne recevra plus aucune aide pour lui et les membres de sa famille. En outre, le nouveau décret instaure un quota d’assistance de cinq ans cumulés durant une vie. (…) Il en va de même de l’allocation octroyée aux mères célibataires. Les Etats de l’Union sont autorisés à fixer une durée maximale d’aide inférieure à cinq ans et à réduire le montant de l’allocation à la mère isolée qui aurait un nouvel enfant. En outre, la nouvelle législation autorise la réduction automatique de l’allocation, infligée à toute femme qui refuse d’identifier le père de son enfant, et l’assignation à résidence des mères célibataires chez leurs parents (ce qui réduit les dépenses publiques, d’ailleurs fort modestes, pour le logement social). Autre cas significatif : sont désormais exclus de la plupart des programmes sociaux tous les non-citoyens, immigrés légaux compris ».

Comme quoi les Etats-Unis ont compris qu’il ne fallait pas transformer les pauvres en assistés perpétuels : plutôt les laisser crever…pour leur bien évidemment.