Le jeu lugubre
de Paco Roca

critiqué par Dirlandaise, le 8 février 2012
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Un vague dégoût...
Tout commence en 1936, à Madrid. Une rumeur persistante de guerre civile flotte sur la ville. Le narrateur, un certain Jonas Arquero, désire s’éloigner de Madrid. Un ami lui présente l’écrivain Garcia Lorca qui lui obtient un entretien d’embauche pour le poste de secrétaire d’un de ses amis peintre catalan répondant au nom de Salvador Deseo. Notre homme obtient le poste et se met en route afin de rejoindre le petit village de Cadaqués où réside le peintre et sa compagne Galatée. Arrivé au village, Jonas constate que le fait de travailler pour Salvador Deseo ne constitue pas un gage de respect au contraire. Il est chassé du village et sommé de ne plus y mettre les pieds car les villageois détestent et craignent le peintre depuis son installation chez eux. Installé chez son employeur, Jonas ne tarde pas à réaliser que des choses étranges et anormales se produisent et que les toiles de Salvador Deseo sont issues d’une imagination macabre inspirée de faits réels répugnants.

Les dessins sont moyens. Pourtant l’album renferme de belles scènes de village au bord de la mer peintes de couleurs très douces et lumineuses mais en ce qui concerne les personnages, le trait est lourd, épais et disgracieux. Par contre, les caractères sont bien définis et les attitudes fort révélatrices des sentiments qui habitent les protagonistes. Les teintes pastel sont agréables mais elles laissent souvent place à des couleurs plus appuyées pour certaines scènes pénibles et sanglantes. L’horreur de certaines planches contraste étrangement avec la douceur des paysages de bord de mer.

Le scénario me laisse songeuse. Ce peintre excentrique est bien sûr nul autre que Dali et Galatée sa compagne Gala. D’ailleurs le titre de l’album tire son origine d’une célèbre toile de Dali peinte en 1929. Mais le thème me dérange un peu. Dali qui se laisserait aller à des actes répréhensibles afin de trouver l’inspiration pour réaliser ses toiles, cela me laisse perplexe. Je trouve que le tout relève de la calomnie et surtout du ragot de bas étage et je n’aime pas tellement me plonger dans ce genre de récit.

Il reste que cet album est captivant et plaira par son côté mystérieux et intriguant. Il porte à réfléchir sur la vie du grand peintre. Pour cela, je peux affirmer que cette bande dessinée est une curiosité assez dérangeante et fort troublante. Je le referme avec un sentiment de malaise et, oserais-je l’affirmer, de vague dégoût.