Au tableau, monsieur le Président ! : Pour une école enfin républicaine
de Alain Bentolila

critiqué par CHALOT, le 5 février 2012
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un ouvrage qui fera date
Pour une école exigeante et généreuse, donc Républicaine

Dès le début de son ouvrage, l'auteur voue aux gémonies l'opposition farouche, caricaturale des deux groupes, l'un conservateur, prêt pour « sauver l'école » à « négliger le sort du quart des élèves » et à prôner l'apprentissage frontal et l'autre, « moderne », rejetant volontiers l'analyse grammaticale, les règles de grammaire, l'apprentissage systématique de la lecture et préférant la « littérature de jeunesse » aux grands auteurs....
Il s'agit alors pour Alain Bentolila de proposer, non de revenir à l'école magnifiée d'hier, mais de bâtir une école que l'élève n'est pas obligé de fréquenter parce qu'il grandit mais qui constitue une entité éducative qui le fait grandir.
Dans cette adresse argumentée au Président de la République – qui sortira des urnes- l'auteur propose que soit mis au cœur de son projet politique d'éducation, « le pouvoir de résilience de l'école » .
« Ce pouvoir signifie que l'attention portée aux plus fragiles de nos élèves, l'ambition et l'exigence signifiées aux plus démunis et enfin l'accompagnement constant de ceux qui n'ont reçu que silence et indifférence ont la vertu d'élargir leur horizon scolaire et social. »
Rien n'est passé sous silence, ni la question des contenus du programme, ni celle des points de passage, de la maternelle et des cinq failles qui marquent un changement important pour l'élève en termes d'exigence et ce « complexité des apprentissages »durant tout son cursus.
L'auteur propose ainsi, notamment pour ce qu'il appelle « l'école fondamentale » de la moyenne section de la maternelle à la 6 ème , trois sas de transition, au cours desquels, les enfants en difficultés sont aidés et accompagnés.
Il ne s'agit surtout pas de privilégier la réflexion à l'action et vice versa mais de mettre en place une formation polyvalente et polytechnique s'appuyant sur les facultés et goûts de chacun et renforçant les savoirs et savoir faire fondamentaux.
Durant le cycle unique des savoirs et des techniques, constitué de la 5ème et de la 4 ème, il faudra à la fois expliquer un texte littéraire et savoir construire un circuit électrique ou construire un objet.
Quant à la formation des enseignants, il faut arriver pour chacun d'entre eux à une maîtrise disciplinaire et à une maîtrise pédagogique... Rien n'est inné, tout s'apprend , y compris et surtout la conduite d'une classe.
L'auteur termine son ouvrage en traçant des perspectives crédibles et lisibles pour le combat contre l'illettrisme en laissant de côté le discours moralisateur pour « faire toucher du doigt » à ceux et à celles qui sont en difficulté que « lire, écrire, argumenter et compter permet de mieux contrôler des choix de vie, c'est à dire de fixer soi-même ses propres buts."
Voici là un livre qui sera date et qui permettra, je l'espère, de déboucher sur une réflexion collective et des décisions pour la fondation d'une école exigeante et généreuse... donc Républicaine.

Jean-François Chalot