Hôtel Saint-Georges
de Rachid Boudjedra

critiqué par Elya, le 4 février 2012
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
La guerre d'Algérie et les français
Rachid Boudjedra est un écrivain d'origine algérienne prolifique que je ne connaissais pourtant pas jusqu'alors. Il a écrit pas moins d'une trentaine de romans depuis 1969. Hôtel Saint-Georges, paru en 2011, est donc son roman le plus récent.
Il raconte en filigrane les infamies de la guerre d'Algérie, qui semblent, selon le point de vue de l'écrivain, trop vite oubliées voire passées inaperçues par les populations algérienne, pieds-noir ou française. Jeanne est une jeune femme qui se renseigne sur la vie de son père, Jean, juste après le décès de celui-ci, vie qui a semblé lui échapper. Jean a laissé a sa fille une ultime et déchirante longue lettre dont quelques bribes nous seront révélées au fil des pages, et qui témoignent de ce qu'il a vécu lorsqu'il a exercé officiellement son métier d'ébéniste en Algérie pendant la guerre.

La force de ce roman est sa forme narrative. Une quinzaine de personnes différentes se relaient pour raconter leur vie, et toutes ses vies, on se le doute bien, sont liées. L'auteur gère très bien son récit, nous ne sommes jamais perdu malgré les changements très fréquents de narrateur à chaque chapitre, chaque chapitre comptant moins de 4 pages.
L'histoire qui nous est révélée et qui s'étale des premières années de la guerre d'Algérie à nos jours, est à la fois horrifiante et touchante ; ces deux sentiments étant suscités par le même protagoniste : l'homme confronté aux autres. Ce n'est pas seulement l'histoire de l'Algérie qui nous est racontée ici, mais aussi celle de la France, "avec ses guerres incroyables, ses impérialismes torrides et napoléoniens, ses colonialismes terrifiants, ses révolutions formidables, ses terreurs à recommencement. Ses inquisitions. Ses croisades... On a la langue que l'Histoire vous fabrique".

Une très belle découverte.