Vivre
de Milena Jesenská

critiqué par Bolcho, le 8 septembre 2002
(Bruxelles - 75 ans)


La note:  étoiles
Milena de Prague
« (.) ces livres qui, une fois qu'on les a achevés, nous laissent l'impression d’un monde si totalement habité qu'il n’est plus nécessaire d’ajouter un seul mot ». Milena écrit cette phrase deux jours après la mort de Franz Kafka dans un article où elle évoque cet homme étrange dont elle fut aussi la traductrice et qui fut amoureux d'elle. C'est la même phrase que je voulais écrire ici à propos de ses écrits à elle qui sont rassemblés sous le titre « Vivre ». Elle nous y parle de tout et de rien, de ce qui fait la vie quotidienne d'alors (le cinéma, la mode, la publicité.) et de la guerre qui se profile. Elle est pleinement de son temps mais toujours moderne. Elle est généreuse et en colère. C’est en nous parlant de la vie quotidienne des petites gens qu’elle nous dévoile la fureur du monde. Elle est amante et mère, lucide et excessive, tchèque et internationaliste, journaliste et écrivain. Elle a reçu des lettres d'amour de Kafka et je me sens prêt à lui en écrire moi aussi. Comme je vous disais : tout et rien. Elle est morte à Ravensbrück parce que, décidément, les guerres ne respectent pas la vie.